Environnement 12 juin 2018

Des réussites à souligner

D’impressionnantes bandes riveraines ont été aménagées de façon individuelle et collective dans les milieux agricoles aux quatre coins de la province.

Aux abords de Saint-Hyacinthe, Mario Tanguay conserve une bande de près de 3 m depuis plus de 30 ans. « Quand mon père nous a vendu les terres en 1986, il nous a obligés à en faire. Au début, les gens riaient de nous, en nous disant qu’on avait de l’argent à perdre pour laisser des bandes non cultivées. Mais lorsque les gars de la MRC sont venus nettoyer les fossés, ils m’ont affirmé qu’ils sortaient 50 % moins de terre devant nos champs », mentionne fièrement l’agriculteur.

« C’est en s’éloignant des cours d’eau à l’aide de bandes riveraines qu’on va pouvoir continuer à utiliser des pesticides dans le futur. » – Mario Tanguay. Crédit photo : Martin Ménard/TCN
« C’est en s’éloignant des cours d’eau à l’aide de bandes riveraines qu’on va pouvoir continuer à utiliser des pesticides dans le futur. » – Mario Tanguay. Crédit photo : Martin Ménard/TCN

Des milliers d’arbres

Au-delà des initiatives personnelles comme celle de M. Tanguay, plus de 64 projets de bassins versants en milieu agricole ont été mis sur pied au Québec depuis 2005.

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, par exemple, le projet Belle-Rivière a permis d’aménager 23 km de bandes riveraines, incluant la plantation de 9 200 arbres et arbustes. Quatre-vingt-dix exploitations ont ainsi participé à l’amélioration de la qualité de l’eau. Un producteur a même converti un secteur difficilement cultivable de 5,7 ha en une zone favorisant la biodiversité et y a installé des nichoirs fabriqués par des étudiants du secondaire.

En Montérégie, le projet du ruisseau Belœil a touché 15 fermes. Un total de 384 arbres et 1 926 arbustes ont été plantés, incluant l’aménagement de prairies fleuries favorables aux pollinisateurs. Même des structures d’accueil pour la petite faune et des nichoirs ont été installés. Le financement de ces projets provient de nombreuses sources, notamment le ministère québécois de l’Agriculture, la Fondation de la faune du Québec, les MRC et Environnement Canada.

Du courage politique

Le pouvoir d’appliquer la réglementation sur les bandes riveraines appartient aux municipalités, une mission qui exige du courage politique, assure le maire de Saint-Barnabé-Sud. « Quand tu fais respecter les bandes riveraines, tu te mets des électeurs à dos. Un maire moins préoccupé par l’environnement ne forcera donc pas là-dessus. Et n’oublions pas que nous sommes dans de petits milieux.

L’inspecteur de la municipalité et les élus peuvent avoir un certain malaise à mettre à l’amende des gens qu’ils connaissent », explique Alain Jobin, qui siège au conseil d’administration de deux organismes de bassins versants.

Par souci d’efficacité, certaines municipalités, comme celle de Brome-Missisquoi, ont transmis ce pouvoir à leur MRC, puisque celle-ci s’occupe déjà de l’entretien des cours d’eau pour l’ensemble du territoire.

Le gouvernement manque de leadership dans le dossier des bandes riveraines, croit le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec. « Ça va à la vitesse des ministères, c’est-à-dire pas vite! Il faudrait rendre le concept des bandes riveraines plus vendeur. Et il faudrait un suivi comparatif sur les aménagements qui ont été faits afin de connaître ceux qui donnent les meilleurs résultats. Il y a du positif, mais encore beaucoup de travail à faire », analyse le 2e vice-président du Regroupement, Sylvain Michon, également agriculteur.

De son côté, l’Union des producteurs agricoles insiste pour valoriser l’aménagement de bandes riveraines. L’organisme a créé le site bandesriveraines.quebec pour expliquer aux agriculteurs que le contrôle de l’érosion de leurs terres et l’amélioration de la qualité de l’eau représentent un gain pour eux.

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