Environnement 27 février 2017

Questerre relance le gaz de schiste dans deux MRC

Depuis l’adoption du projet de loi 106, en décembre dernier, le cadre juridique est presque complet pour permettre le retour des projets controversés de gaz de schiste au Québec.

L’entreprise albertaine Questerre a d’ailleurs confirmé récemment que les MRC de Bécancour et de Lotbinière étaient dans sa mire pour des projets pilotes à des endroits présentant une « très faible densité de population ». Quelque 36 000 acres ont été réévalués sur un total de 736 000 pour lesquels Questerre détient des droits. La valeur de ce gisement est maintenant évaluée à 311 M$ par l’entreprise.

Pierre Bluteau, un citoyen de Leclercville, est convaincu qu’un des projets pilotes de Questerre qui sera réalisé en partenariat avec Repsol sera à l’endroit où se trouvent déjà quatre puits à Leclercville et à Saint-Édouard-de-Lotbinière. Un pipeline vers les installations de Gaz Métro à Saint-Flavien était d’ailleurs prévu dans le projet autorisé par la Commission de protection du territoire agricole du Québec en 2011. Pierre Bluteau rapporte que plusieurs résidents du coin et environnementalistes tiennent cependant mordicus à la préservation et la mise en valeur de la forêt de la seigneurie Joly de Lotbinière.

Avant de préciser les lieux exacts des projets pilotes, Questerre attend les règlements qui découleront du projet de loi 106. L’entreprise dit aussi vouloir obtenir l’appui d’une communauté dans Lotbinière ou Bécancour avant d’aller de l’avant. Quelque 24 M$ ont tout de même été amassés auprès d’investisseurs pour contribuer à l’avancement des projets liés au gisement Utica dans la vallée du Saint-Laurent. Il n’a pas été possible de joindre Questerre avant de mettre sous presse pour confirmer la relance prochaine du projet spécifique de Leclercville et Saint-Édouard.

Opposition citoyenne

Rappelons qu’en 2011, l’opposition grondait contre l’exploration du gaz de schiste au Québec. Plus d’une centaine de groupes de citoyens de plusieurs régions militaient alors contre cette filière, dont le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Les projets d’exploration de gaz de schiste étaient loin d’obtenir l’appui de la population. Un sondage Senergis-Le Devoir révélait d’ailleurs que 55 % des Québécois étaient défavorables à ces projets en février 2011.

Depuis ce temps, le gouvernement du Québec a mené une Évaluation environnementale stratégique (terminée en décembre 2013). Cette ÉES avait été recommandée dans un rapport du BAPE en 2011. En février 2014, le gouvernement Marois mandatait de nouveau le BAPE, qui concluait qu’il n’était pas démontré que cette filière serait avantageuse pour le Québec.

En 2016, le projet de loi 106 est déposé par le gouvernement Couillard. Plusieurs groupes reprochent alors au gouvernement de lier la stratégie québécoise de transition énergétique à une nouvelle loi sur les hydrocarbures. L’UPA rejetait alors tout développement des hydrocarbures en zone agricole. Le projet de loi est adopté sous le bâillon dans la nuit du 9 au 10 décembre. Il est fort probable que la rédaction des règlements qui découleront du projet de loi 106 sera retardée par la grève des juristes de l’État.