Environnement 30 septembre 2022

La pluie gonflera les réserves d’eau chez trois maraîchers de l’île d’Orléans

Trois gros réservoirs de plastique ont été enfouis au début du mois de septembre chez des producteurs maraîchers de l’île d’Orléans, dans la région de Québec, qui font face à des problèmes récurrents d’approvisionnement en eau à des fins agricoles.

Un système de gouttière a été développé pour capter l’eau de pluie d’une production de framboises sous abris. L’eau circule dans un tube jusqu’à une jonction qui la redirige dans un filtre à partir duquel elle tombe ensuite dans un capteur au sol vers le réservoir souterrain. Photo : Gracieuseté de l’IRDA
Un système de gouttière a été développé pour capter l’eau de pluie d’une production de framboises sous abris. L’eau circule dans un tube jusqu’à une jonction qui la redirige dans un filtre à partir duquel elle tombe ensuite dans un capteur au sol vers le réservoir souterrain. Photo : Gracieuseté de l’IRDA

Les réservoirs seront principalement alimentés par des gouttières installées sur de vastes bâtiments agricoles pour capter l’eau de pluie, ou encore par un prototype de captage d’eau de pluie adapté à une production de framboises sous abris.

Ces dispositifs ont été développés depuis 2019 par l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) en collaboration avec la MRC de l’île d’Orléans, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et trois producteurs agricoles du secteur.

L’eau ainsi récupérée dans les réservoirs comblera une partie des besoins spécifiques de chaque ferme, allant du lavage de légumes à l’alimentation des douches et des toilettes des logements des travailleurs étrangers en passant par la composition des mélanges de pesticides destinés à la culture de pommes de terre.

« Quoiqu’il ne s’agit pas d’eau potable, certains usages comme l’eau de lavage requièrent tout de même une eau de qualité suffisante pour la consommation», spécifie Carl Boivin, chercheur à l’IRDA, qui a travaillé sur ce projet.

L’enfouissement de ces trois réservoirs représentait la troisième des quatre étapes du projet de recherche qui devrait se terminer d’ici environ un an. La dernière étape sera d’évaluer la qualité de l’eau captée pour voir si l’installation d’un système de filtration est requise, et d’estimer le coût au m3 pour la mise en place de tels dispositifs à la ferme, rapporte M. Boivin.  «On n’a pas inventé le captage d’eau de pluie. Ça existe ailleurs, du côté municipal par exemple, mais dans le milieu agricole, ça semble assez nouveau», spécifie le chercheur.

Du côté des producteurs, cette solution permettra de régler une partie du problème d’approvisionnement en eau sur l’île d’Orléans, qui a la particularité d’avoir très peu de sources d’eau souterraine et des rivières à faible débit. Les agriculteurs utilisent donc un réseau de 600 étangs qui se remplissent après la fonte des neiges, mais qui sont souvent asséchés à la fin de la saison, notamment lors des étés plus chauds. «Pour nous, [ce réservoir] est une sécurité. C’est un poids de moins sur les épaules», confie la productrice maraîchère France Marcoux, dont la ferme est l’une des trois ayant participé aux projets de recherche et dont le réservoir servira au lavage des légumes.

Un défi de conception

Le plus gros des trois réservoirs, qui permet d’emmagasiner 35 m3 d’eau, soit un volume suffisant pour approvisionner l’eau des toilettes et des douches des bâtiments servant à loger les travailleurs étrangers temporaires de la ferme pour laquelle il est destiné, représentait un défi de conception, souligne pour sa part Richard Bossinotte, directeur des ventes chez Soleno, l’entreprise qui a fabriqué les réservoirs en collaboration avec l’IRDA. «Il a été conçu avec quatre coudes pour pouvoir être installé entre une bâtisse et une route. La beauté, c’est qu’on n’a presque pas de limite de capacité d’entreposage de l’eau, car le réservoir est enfoui et qu’on peut jouer avec sa forme assez facilement»,
mentionne-t-il.