Régions 10 janvier 2018

Québec n’a pas de programme spécifique pour composer avec les prédateurs

VAL-D’OR — Devant l’ampleur des attaques subies par le bétail dans sa région, la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue avait réclamé, en 2015, des indemnités pour les agriculteurs qui doivent composer avec les prédateurs. Malgré cette demande, aucun nouveau programme n’a été mis en place pour ce genre de pertes.

Des demandes ont aussi été faites au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). On a proposé que l’UPA, en collaboration avec le MAPAQ, fasse des pressions auprès du MFFP pour financer un projet de contrôle des prédateurs et que des programmes compensatoires pour les pertes causées par les ours, les loups et les coyotes soient instaurés, comme ceux déjà en place qui consistent à indemniser les producteurs pour les dommages occasionnés par la sauvagine.

Lors de l’entrevue qu’il a accordée à La Terre, le MFFP ne connaissait pas l’existence de cette résolution. « C’est notre rôle d’informer les agriculteurs, mais ce n’est pas dans notre mandat d’intervenir pour réduire la densité des prédateurs qui peuvent s’attaquer au bétail », a indiqué le biologiste du ministère, Jean Lapointe.

Pour le moment, la seule solution pour les producteurs demeure les mesures de prévention et l’indemnisation indirecte provenant de la Financière agricole du Québec, par l’entremise des programmes Agri-stabilité et Agri-Québec, qui couvrent les baisses de marges de production.

Ailleurs au Canada

Les attaques du bétail par des loups ou des coyotes préoccupent aussi les producteurs des autres provinces au Canada. Par exemple, en Alberta, un programme de compensation pour combler les pertes relatives aux prédateurs de la faune dédommage les éleveurs de bovins, de porcs, de bisons, de moutons et de chèvres chez qui seraient survenues des attaques de loups, de grizzlys, d’ours, de cougars et d’aigles. Celles des coyotes ne sont par contre pas couvertes. Les soins vétérinaires et la médication associés à l’incident ou la perte d’un animal sont inclus.

Le comté albertain de Saint-Paul est même allé plus loin dans ses politiques. Il y a six ans, il a implanté un programme de primes pour la capture des prédateurs dans 16 de ses municipalités. Cette année, pour réduire la population de prédateurs qui sévit durant la saison de vêlage, le comté paiera 15 $ par coyote et 75 $ par loup capturé entre le 1er novembre 2017 et le 31 mars 2018. Un maximum de 20 prédateurs par semaine et de 100 par résident est autorisé. Le programme est par contre contesté par les communautés autochtones cries de Kehewin et de Saddle Lake ainsi que par Gilbert Proulx, un biologiste travaillant pour un organisme albertain de conservation et de gestion faunique qui s’est penché sur cette mesure compensatoire.

Émélie Rivard-Boudreau, correspondante régionale

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