Régions 7 août 2018

Des producteurs achètent du foin comme jamais

De nombreux agriculteurs font des pieds et des mains pour acheter du foin. Le producteur laitier Jean-Pierre Denault, de Montmagny, était soulagé de voir le camion rempli de grosses balles carrées reculer dans sa cour. Il sait que sans ce foin venu de l’extérieur, ses vaches auraient manqué de fourrage l’hiver prochain.

Le prix demandé est cependant plus élevé que ce qu’il a l’habitude de payer. « Je payais une balle ronde 40 $ dans la région. Là, c’est rendu presque 70 $. Ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres », commente M. Denault. 

Une quarantaine de kilomètres plus à l’est, à Saint-Jean-Port-Joli, Sylvain Bélanger, également producteur laitier, raconte qu’il n’a pas l’habitude d’acheter du foin, encore moins à près de 250 $ la tonne courte! Il en a quand même fait livrer deux camions-remorques à la fin juillet. « Ça nous paraît cher parce qu’ici, le foin se vend entre producteurs, dit-il. Comme c’est normalement un marché de surplus, les balles rondes se vendent environ 25 $ chacune. » Il sait par contre combien ça coûte de faire du foin. « Le prix que les commerçants nous offrent actuellement est correct, surtout qu’on n’est pas trop dans une position pour négocier », raisonne-t-il.

Le producteur et commerçant de foin Vincent Coulombe, installé à Berthierville, dans Lanaudière, affirme recevoir des appels comme jamais : de 10 à 15 producteurs le contactent chaque jour pour du foin. Ses commandes pour l’Est-du-Québec totalisent déjà près de 40 camions-remorques.

« Souvent, les gens qui ne sont pas habitués d’acheter du foin de commerce trouvent ça cher, mais les prix n’ont pratiquement pas changé depuis 20 ans! Selon la qualité, c’est toujours entre 200 et 230 $ la tonne courte, en plus du transport [environ 30 $ la tonne pour livrer vers La Pocatière] », explique-t-il. Il précise que les prix pourraient cependant monter l’hiver prochain lorsque le foin se fera plus rare.

David Normandin et sa famille de Saint-Césaire, en Montérégie, commercialisent de grands volumes de foin. M. Normandin remarque que la situation actuelle crée un léger gonflement des prix. Les agriculteurs qui l’approvisionnent exigent de 10 à 15 % de plus que l’an dernier. 

La troisième coupe et l’Ouest canadien

Les prochaines semaines seront critiques pour le prix du foin, croit David Normandin. « Si les volumes de la troisième coupe sont insuffisants et que les producteurs de l’Ouest canadien connaissent eux aussi des conditions moins propices à la culture de foin, comme c’est le cas présentement, le prix pourrait grimper », estime-t-il.