Régions 7 juillet 2020

Les poteaux de la discorde

Québec a récemment annoncé des investissements de 150 M$ afin de prolonger dans 60 000 foyers le service Internet haut débit d’ici 2022. Le ministère de l’Économie et de l’Innovation veut aussi réunir Hydro-Québec, Bell Canada, Télébec et Telus autour d’une table chargée « d’accélérer le traitement des demandes d’accès aux infrastructures de soutènement de télécommunications logées par des tiers autres que ces propriétaires ».

Cela signifie l’utilisation des poteaux, propriété des grandes entreprises de télécommunication, par des entreprises locales qui tentent d’implanter leur propre réseau Internet haute vitesse dans les communautés encore isolées.

Lorsqu’on aborde ce sujet, la moutarde monte au nez du préfet de la MRC de Maskinongé en Mauricie, Robert Lalonde, qui est aussi président de Maskicom, un organisme sans but lucratif créé pour prolonger le service Internet haut débit sur son territoire.

« Ça fait des années qu’on se bat pour obtenir l’accès aux poteaux de ces grands groupes et on rencontre toujours les mêmes obstacles : des délais excessifs, des coûts prohibitifs pour l’analyse et l’ouverture des dossiers, et on nous demande d’assumer les coûts de remise en état d’un parc de poteaux qui a été négligé… Si bien qu’une partie des subventions qui nous ont été accordées est dépensée sans qu’on ait commencé à faire les travaux. »

Le cas de la MRC de Maskinongé n’est pas unique. Si bien que la Fédération québécoise des municipalités (FQM) a déposé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications (CRTC) un mémoire pour dénoncer la situation. « On a beau annoncer des millions en subventions, si on n’a pas accès aux poteaux, ça ne marchera pas, explique le président de la FQM et maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, Jacques Demers. On veut que nos citoyens travaillent de la maison, que nos petites entreprises développent le commerce en ligne pour favoriser l’achat local, mais on ne leur donne pas accès aux outils pour y parvenir. »

La FQM demande donc au CRTC de corriger ces iniquités qui rendent l’accès à Internet haut débit plus onéreux dans les campagnes que dans les villes. Elle réclame ainsi la mise en place « d’une autorité indépendante qui serait chargée d’évaluer et de traiter toutes les demandes de permis d’accès aux structures de soutènement ainsi que de gérer les pénalités imposées en cas de dépassement d’un délai de trois mois pour les travaux préparatoires ».