Régions 7 novembre 2019

L’ail noir émerge des friches

SAGUENAY— François Thibeault a remis en culture la terre en friche de son grand-père et récolte cette année plus de deux tonnes d’ail, dont une bonne partie est transformée en ail noir.

« Pourquoi l’ail noir? Parce que je voulais me différencier dans ma commercialisation. Ça donne une plus-value pécuniaire et gustative. L’ail noir a un goût balsamique légèrement sucré que la plupart des gens ne connaissent pas. La réponse est vraiment bonne : des restos de la région ont mis mon ail sur leur carte et les IGA du secteur en vendent », affirme avec satisfaction l’agriculteur, qui envisage désormais de vendre ses produits à l’extérieur du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Retour aux sources

C’est après avoir vendu ses parts dans une usine de soudure en 2016 que François Thibeault a proposé à son père de se remettre à l’agriculture. « De la ferme du grand-père, il ne restait pas grand-chose à part une charrue deux rangs, une herse et des lots où les arbres commençaient à repousser. On a labouré ça et planté 2 000 cayeux. À l’automne 2018, on en a replanté 55 000, sauf que quand tu perds le contrôle, c’est dur de le reprendre », décrit-il, en faisant référence aux problèmes de mauvaises herbes qui lui ont donné beaucoup de souci jusqu’à présent. Cette situation ne l’a pas découragé pour autant. « On parle d’ouvrir plus grand de terre. En plus de mon père, mes tantes et mes oncles viennent m’aider. C’est le fun, c’est rassembleur; leur fibre d’agriculteur renaît », mentionne M. Thibeault, dont la terre familiale est située à Saint-Félix-d’Otis, au Saguenay.

Rien de facile

Le propriétaire de la ferme Ail du moulin affirme avoir sous-estimé l’ampleur de son projet agricole, les travaux au champ et la préparation de l’ail noir. Il faut dire que l’ail blanc doit passer plus d’un mois dans l’étuveuse avant d’afficher sa couleur noire et son goût particulier. L’apprentissage de cette technique ne se fait pas sans pertes, comme en témoignent quelques lots jetés aux ordures. « Cultiver de l’ail, c’est compliqué. Faire de l’ail noir, c’est deux coches au-dessus! Si on avait su tout ce que ça représentait en temps, en efforts et en insécurité, on ne l’aurait pas fait. C’est fou à quel point un investissement de 25 000 à 30 000 $ est insuffisant pour réaliser un tel projet », estime M. Thibeault. Il poursuit du même souffle : « Quand les gens et les chefs te disent que ton produit est bon, ça te donne un coup de pied pour continuer! »