Régions 12 juin 2017

200 personnes marchent contre le dézonage de terres historiques

QUÉBEC — Deux cents personnes se sont rassemblées le 10 juin à Québec pour marcher contre le dézonage des terres agricoles des Sœurs de la Charité, situées dans l’arrondissement de Beauport à une quinzaine de minutes en voiture du centre-ville.

Des citoyens, des producteurs de la région, des organismes et des acteurs politiques s’inquiètent de voir les 200 hectares de terre arable transformés en miniville, comme le projette le promoteur immobilier Groupe Dallaire, qui a acheté les terres aux Sœurs de la Charité en 2014. La Ville envisage d’inclure ce projet dans son schéma d’aménagement et de développement, qui prévoit une augmentation de la population de 28 000 personnes d’ici 2030.

Denis Bédard possède l’une des 115 entreprises agricoles situées dans l’agglomération de Québec. Il défend les terres nourricières des Sœurs de la Charité depuis 2014. Crédit photo : Anne-Marie Poulin
Denis Bédard possède l’une des 115 entreprises agricoles situées dans l’agglomération de Québec. Il défend les terres nourricières des Sœurs de la Charité depuis 2014. Crédit photo : Anne-Marie Poulin

Ceinture verte et biodiversité

Denis Bédard, dont la ferme maraîchère se trouve à peine à 3 km des terres, dénonce le dézonage agricole qui s’en suivrait. Il note que cette ceinture verte est nécessaire à la ville et qu’il serait illogique de la sacrifier. « Toutes les grandes cités dans le monde se développent en fonction de l’agriculture. Ici, on a une vision des années 1970 du développement municipal. » Depuis la vente des terres, M. Bédard s’oppose au projet soutenu par la Ville de Québec. Il l’a notamment fait savoir dans une lettre ouverte publiée en 2014.

Les organismes présents à la marche festive, dont l’Union des producteurs agricoles (UPA), Voix citoyenne, Nature Québec et Protec-Terre, ont rappelé les avantages de ces terres agricoles en ville : biodiversité, réduction des îlots de chaleur et d’émission de gaz à effet de serre puisque des légumes pourraient être produits et consommés localement.

Des résidents du secteur craignent aussi le dézonage. Yvon Tanguay, qui demeure en bordure des terres, côtoie toute une biodiversité près de chez lui : chevreuils, harfangs des neiges et même orignaux.

Les terres agricoles des Sœurs de la Charité couvrent une superficie de 200 hectares. Au bout, on aperçoit l’ancien couvent et la ville de Québec. Crédit photo : Anne-Marie Poulin
Les terres agricoles des Sœurs de la Charité couvrent une superficie de 200 hectares. Au bout, on aperçoit l’ancien couvent et la ville de Québec. Crédit photo : Anne-Marie Poulin

Les terres sont présentement louées et ensemencées de soya. M. Bédard, de la Ferme Bédard et Blouin, explique qu’en étant isolées, ces cultures sont mieux protégées contre les ravageurs. On y pratique aussi de bonnes rotations.

Sur d’autres tribunes, le maire de Québec, Régis Labeaume, a qualifié d’incohérents les propos des gens présents à la marche : « Tu ne peux pas dire : ‘‘On va développer des terres agricoles en pleine ville, on va cesser l’étalement urbain, puis on ne construira pas en hauteur.” Ça, on appelle ça de l’incohérence et c’est complètement anti-développement durable. »

Des séances d’audition des opinions auront lieu en août concernant le Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Québec. Les citoyens pourront s’y prononcer et des groupes, tels que l’UPA, déposeront des mémoires. Si le Schéma est accepté dans sa forme actuelle, une demande de dézonage sera déposée à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

Anne-Marie Poulin, collaboration spéciale.