Élevage 11 décembre 2019

Une première pouponnière laitière au Québec

SAINTS-ANGES — En adaptant à leur entreprise ce qui se fait depuis une vingtaine d’années dans la production porcine, les fondateurs de la toute première pouponnière à génisses du Québec, située en Chaudière-Appalaches, estiment pouvoir augmenter le rendement des pensionnaires de 700 à 1 000 kg lors de la première lactation. Un gain intéressant pour les producteurs qui ne parviennent pas à combler leur quota.

Les producteurs de lait ont beau avoir la meilleure volonté du monde, ils n’ont pas toujours le temps de s’occuper de leurs génisses, soutient Sylvain Giguère, l’un des copropriétaires des Élevages Réveaulution. « Les animaux de relève, c’est moins important, tandis que ça devrait l’être plus », souligne-t-il. « C’est ça qui fait ton avenir, renchérit son collègue Mathieu Bisson. Une vache qui est bien élevée, c’est 700, 800, 1 000 kg de plus à la première lactation. »

Chez Réveaulution, les génisses sont dorlotées et traitées aux petits soins. Si bien que le modèle permet aux pensionnaires d’effectuer un premier vêlage entre 20 et 22 mois au lieu de 25. « Pourquoi on veut les faire vêler à 20-21-22 mois? C’est parce que c’est là l’optimum. Il y a des chartes pour mesurer la production laitière en fonction de l’âge au vêlage et à 20-21-22 mois, c’est là que tu plafonnes. [Quand elles sont plus vieilles] tu te remets à perdre du lait », indique M. Bisson.

En plus de faire croître le taux de survie des bêtes entre la première et la deuxième lactation de 70 % à 85 %, l’impact financier est intéressant pour les producteurs qui économiseront les coûts liés à la poudre de lait durant les deux premiers mois. « Si tu as 10 vaches à élever par année et que tu en as 10 % de plus qui passent une lactation de plus, c’est 4 000 $ dans tes poches », poursuit-il.

Photo : Myriam Laplante El-Haïli / TCN
Photo : Myriam Laplante El-Haïli / TCN

Biosécurité

Difficile de ne pas remarquer la rigueur des protocoles de biosécurité et de bien-être animal à la pouponnière des Élevages Réveaulution, dont les plans d’ingénierie ont été approuvés par l’Université du Wisconsin et les protocoles de biosécurité développés de toutes pièces. Dès leur arrivée à la pouponnière, toutes les génisses font l’objet d’une prise de sang, dont les résultats sont obtenus quelques minutes plus tard, ce qui permet de déterminer leur état de santé. « Le producteur ne peut pas nous mentir. On a vraiment des mesures quantitatives pour vérifier son implication [à la ferme avant de nous envoyer les animaux] », explique Mathieu Bisson.

Pour éviter de possibles contaminations, il n’y aura pas de contact entre les génisses de différents troupeaux. Les nouvelles arrivantes sont installées dans l’une des 13 pièces fermées et placées dans des parcs individuels amovibles durant les 10 premiers jours. Une fois que le boire s’effectue correctement, les parcs sont retirés et lavés à la pression, et les génisses se retrouvent en liberté dans la pièce, dont le sol a été recouvert de paille. Les pensionnaires peuvent arriver et repartir à n’importe quel âge, de quelques jours à quelques semaines avant le vêlage.

Au moment de mettre le journal sous presse, 18 exploitations avaient déjà confié leurs génisses aux Élevages Réveaulution, incluant les cinq fermes des propriétaires. 

Les infrastructures des Élevages Réveaulution peuvent actuellement accueillir 580 génisses, selon les deux copropriétaires Mathieu Bisson et Sylvain Giguère. Photo : Myriam Laplante El Haïli / TCN
Les infrastructures des Élevages Réveaulution peuvent actuellement accueillir 580 génisses, selon les deux copropriétaires Mathieu Bisson et Sylvain Giguère. Photo : Myriam Laplante El Haïli / TCN