Élevage 22 mars 2019

Une crise, une pénurie

DRUMMONDVILLE — Après avoir indiqué qu’ils mettraient fin à leurs approvisionnements en lait de chèvre du Québec l’an dernier, Saputo, Agropur et Liberté sont revenus sur leur décision, mais l’incertitude qu’ils ont créée chez les éleveurs entraîne aujourd’hui une pénurie de lait de chèvre.

Lors de leur assemblée générale annuelle, qui a eu lieu le 20 mars à Drummondville, les membres du syndicat des Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) ont souligné qu’ils ne savaient plus sur quel pied danser.

« Je m’arrache les cheveux : j’ai trois acheteurs qui veulent du lait, mais je n’ai pas assez de volume pour tous les fournir. Je priorise qui? Si j’évite de livrer à ceux qui nous ont mis dans l’incertitude l’automne dernier, ils tomberont en rupture de stock et pourraient se retourner vers l’Ontario pour trouver du lait, ce qui pourrait nous nuire à long terme », a lancé un éleveur et transporteur à l’assemblée.

Le président Christian Dubé confirme qu’il manque de lait de chèvre. Il s’attend à ce que les éleveurs produisent 8,5 millions de litres en 2019 sur les 10 millions demandés par l’industrie. « L’incertitude de l’an dernier a poussé des éleveurs à envoyer des chèvres à l’encan et ça se répercute cette année. C’était prévisible! » fait remarquer M. Dubé.

Cela dit, Saputo, Agropur et Liberté se sont engagés sur une seule année à reprendre les mêmes volumes que l’an dernier. Cette vision à court terme n’incite pas les éleveurs à remettre les gaz à fond, pas plus qu’elle ne rassure les institutions financières, ajoutent Clément Caouette et sa conjointe Amélie Lapierre. « On veut se bâtir, mais les prêteurs n’ont pas confiance. Ils disent qu’Agropur et les acheteurs peuvent nous tourner le dos comme ils ont voulu le faire l’an dernier », explique M. Caouette.

Les producteurs travaillent sur une convention de mise en marché qui pourrait sécuriser leur marché et leurs créanciers.

Espoirs et incertitudes chez les producteurs

« Le temps des mises bas commence, mais tout est incertain pour la mise en marché. On espère savoir à qui vendre notre lait et combien de temps ils le prendront. On songe à le vendre au Vermont, à une compagnie stable dans un marché stable. » – Clément Caouette et Amélie Lapierre, Montérégie
« Le temps des mises bas commence, mais tout est incertain pour la mise en marché. On espère savoir à qui vendre notre lait et combien de temps ils le prendront. On songe à le vendre au Vermont, à une compagnie stable dans un marché stable. » – Clément Caouette et Amélie Lapierre, Montérégie
« On livre juste chez Saputo, alors [leur intention de mettre fin aux approvisionnements de lait de chèvre] nous a fait peur. Maintenant, nous avons l’impression qu’ils vont continuer à en prendre, mais nous allons attendre un vrai signal de marché avant d’augmenter notre nombre de chèvres. » – Cynthia Ouellet, Centre-du-Québec
« On livre juste chez Saputo, alors [leur intention de mettre fin aux approvisionnements de lait de chèvre] nous a fait peur. Maintenant, nous avons l’impression qu’ils vont continuer à en prendre, mais nous allons attendre un vrai signal de marché avant d’augmenter notre nombre de chèvres. » – Cynthia Ouellet, Centre-du-Québec
« Ça nous a ébranlés, mais je me dis que les acheteurs ont peut-être juste voulu nous faire du bluff pour qu’on baisse notre prix. On n’a pas de signal positif. Pour l’instant, on se contente de faire tourner la roue, mais je sens que ça va repartir. » – Benoit Tremblay, Bas-Saint-Laurent
« Ça nous a ébranlés, mais je me dis que les acheteurs ont peut-être juste voulu nous faire du bluff pour qu’on baisse notre prix. On n’a pas de signal positif. Pour l’instant, on se contente de faire tourner la roue, mais je sens que ça va repartir. » – Benoit Tremblay, Bas-Saint-Laurent
« C’est bien certain que l’insécurité nous affecte, sauf qu’on ne baisse pas les bras. On continue à investir; on veut augmenter nos volumes pour diminuer nos coûts de production. Je pense qu’à moyen-long terme, il y a de l’espoir. » – Rémi Hudon, Bas-Saint-Laurent
« C’est bien certain que l’insécurité nous affecte, sauf qu’on ne baisse pas les bras. On continue à investir; on veut augmenter nos volumes pour diminuer nos coûts de production. Je pense qu’à moyen-long terme, il y a de l’espoir. » – Rémi Hudon, Bas-Saint-Laurent