Élevage 5 avril 2022

Une vitrine technologique en aquaponie

MONTRÉAL – Un nouveau pôle de recherche et développement technologique en aquaponie vient d’être lancé à Montréal. Le LabÉAU sert de vitrine technologique où l’on peut ­observer le fonctionnement d’un système aquaponique découplé.

Julien Le Net et Benjamin Laramée
Julien Le Net et Benjamin Laramée

D’un côté, dans des bassins, nagent de petits dorés, bars rayés et perchaudes. L’eau des bassins est recyclée, passe dans différents systèmes de traitement, puis est remise en circulation dans un système de culture ­vertical, où sont cultivés différents végétaux comestibles. « On considère cette technique comme pouvant apporter une solution vers une agriculture à faible impact environnemental. L’idée est de recréer un écosystème comme ce qui se fait dans la nature, où les déchets des poissons deviennent la nourriture des plantes. C’est le principe de l’économie circulaire », explique Julien Le Net, cofondateur et directeur au développement des affaires de l’entreprise ÉAU (pour Écosystèmes Alimentaires Urbains).

Son équipe accompagne des clients dans le développement de leurs projets de fermes aquaponiques commerciales de grandes tailles, dont la vocation sera de produire des aliments toute l’année, poissons ou fruits de mer, fruits et légumes.

Aucune ferme québécoise ne fonctionne pour l’instant en aquaponie. L’objectif des fondateurs d’ÉAU est néanmoins de voir émerger une industrie. « Le Québec est très en retard par rapport au reste du monde, mais on sent un intérêt grandissant. On accompagne actuellement une dizaine de projets au Québec et à l’international, dont certains qui seront inaugurés dans les prochains mois », dit Benjamin Laramée, cofondateur et ­directeur scientifique d’ÉAU.

Parmi les projets de recherche en cours, ÉAU espère trouver le moyen de transformer en engrais la matière solide résultant des déjections des poissons non absorbée par les plantes. « On travaille sur un système de minéralisation où, par l’activité microbienne, on va venir convertir la matière organique en matière inorganique. Dans nos meilleurs résultats, on arrive à convertir jusqu’à 90 % de la matière solide », dit M. Laramée.

Il explique que si l’aquaculture n’est pas plus développée au Québec, c’est en partie à cause des rejets de phosphore produit par les poissons, une pollution qui préoccupe le gouvernement et qui a provoqué, en 1999, la mise en place d’une réglementation pour la freiner. « L’aquaponie est une technologie vraiment intéressante qui pourrait favoriser le développement de l’aquaculture au Québec, parce que directement sur le lieu de production de phosphore, on a un moyen de le retirer en l’utilisant pour la culture des plantes. On évite ainsi qu’il soit relâché dans l’environnement et qu’il contamine les cours d’eau », dit Benjamin Laramée.