Élevage 19 mai 2019

Peut-on connaître l’âge des veaux laitiers qui transitent aux encans grâce à un échantillon sanguin?

La clinique ambulatoire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal a mené une étude sur 289 veaux provenant de fermes laitières de la région de Saint-Hyacinthe afin de déterminer s’il serait possible d’évaluer leur âge à l’aide d’un échantillon sanguin. Les résultats seront résumés dans le présent dossier.

Rappelons que le commerce des veaux laitiers est à la base de la valorisation des veaux mâles issus des fermes laitières. Ces veaux sont majoritairement destinés à la production de veaux de grain et de lait.

Selon le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des veaux lourds, il est recommandé d’acheter des veaux d’au moins 14 jours et de ne pas transporter de veaux n’ayant pas atteint une semaine d’âge. Cependant, il est difficile de connaître l’âge des animaux aux encans et il est impossible de faire le lien entre le numéro d’ATQ et l’âge déclaré dans un délai assez rapide.

Le colostrum et ses vertus

Le veau naissant dépend du transfert d’immunité passive provenant du colostrum de sa mère. La qualité du transfert de cette immunité s’évalue par différents outils. À l’aide d’un réfractomètre de Brix, on peut analyser un échantillon de sérum (liquide sanguin débarrassé de ses cellules et des protéines de la coagulation) et conclure qu’une certaine concentration est associée à un transfert d’immunité passive réussi. Une autre enzyme se trouve également dans le colostrum que le veau absorbe : la gamma-glutamyl transferase (GGT). L’étude de la clinique ambulatoire visait à évaluer l’intérêt que pourrait avoir la GGT, seule ou en combinaison avec d’autres paramètres facilement mesurables (comme le poids de l’animal), pour évaluer le risque qu’un veau soit âgé de moins d’une semaine. La GGT est très concentrée après la prise colostrale et est éventuellement éliminée pour rejoindre les niveaux sanguins de l’adulte.

Résultats

L’étude a confirmé que l’évaluation de la GGT sérique chez les veaux était associée à l’âge de ces derniers. Cependant, même si cette association est forte d’un point de vue statistique, elle a un intérêt limité au niveau de la prédiction du risque individuel vu la marge d’erreur du modèle d’évaluation proposé par les chercheurs. Ce modèle ne détecte pas 16 % des veaux trop jeunes et classifiera comme trop jeunes 30 % des veaux âgés de plus de 7 jours.

L’implication pratique de l’utilisation de ce testage peut s’illustrer par des situations résumées dans le tableau 2 ci-dessous :

Dans un contexte où il y a peu de veaux de moins de 7 jours (ex : 1 veau sur 10 ou 10 %), si un test est positif, il y a seulement 1 chance sur 4 (24 %) que ce veau soit trop jeune. Si le test est négatif, il y a 98 % de chances que ce veau soit âgé de 7 jours ou plus. Dans un contexte ou 1 veau sur 2 (50 %) serait trop jeune, la valeur prédictive positive passe à 74 % (3 chances sur 4 que ce veau soit trop jeune) contre 4 chances sur 5 (81 %) qu’il soit âgé de 7 jours ou plus si le test est négatif.

Toutefois, le dosage de la GGT ne peut malheureusement pas se réaliser directement à la ferme ou dans les encans pour l’instant. Il nécessite le recours à un laboratoire externe, ce qui représente une limite à la prise de décision d’un acheteur qui voudrait se prévaloir de ces données au moment de l’achat d’un lot de veaux.

En conclusion, l’activité sérique de la GGT chez les jeunes veaux est associée à l’âge de ces derniers. L’utilisation dans un contexte de suivi de la population des veaux envoyés à l’encan pourrait être un moyen pertinent d’évaluer l’implantation de nouvelles normes de transport visant à éviter le déplacement de veaux dans leur première semaine de vie. Ce projet a été réalisé grâce à la participation financière de La Financière agricole du Québec.

Dr Sébastien Buczinski, Dr Jocelyn Dubuc, Dr Gilles Fecteau, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal, Saint-Hyacinthe.

Le Passeport Veau disponible sur iOS et Android

Le 3 avril dernier, l’application mobile du Passeport Veau a été officiellement lancée par Pierre-Luc Nadeau, président du comité de mise en marché des veaux de lait des Producteurs de bovins du Québec. Cet outil aidera les producteurs laitiers à faire les déclarations de boucles chez Agri-traçabilité Québec (ATQ) et à transmettre plus d’informations aux éleveurs de veaux lourds qui procéderont à l’achat de veaux destinés à l’engraissement. En prenant une photo de la boucle ou en la sélectionnant dans la liste d’identifiants, le producteur pourra entrer la date de naissance de l’animal, son sexe, sa catégorie ainsi que son site de naissance, et cela mettra à jour son compte Simplitrace. D’autres informations sur l’état de santé général du veau pourront également y être inscrites. Ce projet a été réalisé grâce à la participation financière de La Financière agricole du Québec.