Élevage 13 décembre 2019

La production de lapins prend du mieux

Les éleveurs de lapins semblent avoir trouvé une porte de sortie à la crise cette année, après avoir été pris avec des surplus d’animaux en 2017 et, à l’inverse, un manque pour répondre aux demandes du marché l’an dernier. Mais malgré la croissance encourageante de leurs ventes, la production demeure encore fragile.

« On est en restructuration depuis la crise de 2017. On a fait des pas, mais c’est la première année où on n’est pas en déficit », a indiqué Yan Turmine, agronome et gestionnaire de l’agence de vente affiliée au Syndicat des producteurs de lapins du Québec (SPLQ) lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, le 22 novembre, à Drummondville.

Julien Pagé, président du Syndicat des producteurs de lapins du Québec. Photo : Josianne Desjardins/TCN
Julien Pagé, président du Syndicat des producteurs de lapins du Québec. Photo : Josianne Desjardins/TCN

Ajustements

Si les producteurs ont vu leurs ventes grimper de plus de 25 % cette année comparativement à la même période l’an dernier, le président du SPLQ, Julien Pagé, appelle à la prudence. Il a d’ailleurs incité la dizaine de membres présents à réduire d’environ 15 % leur production pour les prochaines semaines.

Cette invitation n’a pas manqué de faire réagir Martine Paul, productrice dans la région de Québec. « Avisez-moi au moins 15 semaines d’avance pour qu’on n’accouple pas les lapins […] et pour que je sois moins frustrée! » s’est-elle exclamée.

En entrevue, Julien Pagé a admis que cette stratégie n’est pas l’idéal à long terme. Mais selon lui, le fait d’être « plus réactif » en ajustant le volume de production en cours d’année dans le but de maintenir la croissance envoie un bon signal aux acheteurs. « On sait que le délai est tardif, mais tous les producteurs ont avalé la pilule », a-t-il précisé.

M. Pagé a profité de l’occasion pour souligner que les relations entre le Syndicat et les acheteurs vont mieux, surtout depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle convention de mise en marché, en septembre dernier. Le SPLQ veut continuer à miser sur les « périodes profitables » de vente des lapins, soit l’Action de grâce, Noël et Pâques.

Nouveaux outils

Au cours des dernières semaines, tous les producteurs ont été audités par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). Ce calcul, qui n’avait encore jamais été effectué dans le secteur cunicole, permettra aux entrepreneurs en démarrage d’avoir une référence économique pour monter leur plan d’affaires.

Par ailleurs, un agent de développement a été embauché par le Syndicat grâce à l’appui financier d’Agriculture et Agroalimentaire Canada ainsi que le ministère québécois de l’Agriculture. Ce conseiller pourra accompagner les éleveurs dans l’atteinte de plus hauts standards de qualité. 

Coûts de transport 

Les producteurs cunicoles auront une assemblée spéciale prochainement afin de conventionner les coûts de transport pour l’abattage des animaux. La volonté du Syndicat serait que tous les producteurs puissent payer le même prix, peu importe l’emplacement de l’abattoir choisi par l’acheteur. 

Cette année, l’Abattoir Ducharme, de Saint-Alphonse-de-Granby, a obtenu l’agrément fédéral. Cette certification, considérée comme un gage de qualité dans l’industrie, a eu pour effet qu’une partie des lapins destinés à l’abattoir Flintshire farms en Ontario soit redirigée. Mais le plus grand acheteur de lapins au Québec, le propriétaire de la Ferme avicole d’Oka, Claude Dicaire, n’a pas l’intention de transférer tous ses volumes à l’Abattoir Ducharme, a-t-il affirmé lors de l’assemblée.