Économie 27 février 2015

Savoura mise sous séquestre

Onde de choc : l’entreprise derrière les tomates Savoura, Les Serres du St-Laurent, est mise sous séquestre depuis quelques heures.

Le tribunal a nommé un séquestre (Raymond Chabot inc.) en vertu de Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Sa mission consiste à vendre les actifs, soit par l’entremise d’un appel d’offres public, soit par des sollicitations privées. Les serres devraient demeurer en activité jusqu’au moment de la vente.

Les difficultés financières de l’entreprise alimentaient les rumeurs depuis un certain temps. La directrice de Savoura, Marie Gosselin, n’a pas rappelé la Terre. Les coordonnées de l’entreprise ont même été effacées du site Internet.

Une nouvelle triste, somme toute, considérant l’ampleur de cette entreprise et la notoriété de sa marque, Savoura.

Des difficultés qui s’expliquent difficilement, « sûrement dues à plusieurs facteurs, incluant l’échec de leur production au Mexique », note l’une des personnes interrogées.

En santé, l’industrie des cultures en serre?

Un serriste québécois d’importance, Les Productions horticoles Demers, a confirmé qu’il était intéressé à acquérir la marque Savoura et l’ensemble de ses actifs de production. Un groupe de producteurs québécois, qui pourrait inclure Les Productions horticoles Demers, serait également de la partie. La valeur de Savoura et de ses infrastructures s’élèverait à plusieurs millions de dollars.

Un mauvais présage? Pas de l’avis de Jacques Demers, qui se dit très optimiste quant à l’avenir de l’industrie des cultures en serre. « Il y a de la demande pour les produits cultivés en serre. On constate même une croissance assez incroyable à l’échelle planétaire. Des projets de serre se construisent partout. Oui, il faut ajuster nos modèles d’affaires [offre de produits, coût de production], mais il y a de l’avenir, surtout avec le tarif préférentiel d’électricité que nous avons maintenant au Québec », analyse le directeur général des Productions horticoles Demers.

Savoura demeurera-t-elle québécoise?

Selon une source bien au fait du dossier, l’un des plus gros producteurs de légumes en serre d’Amérique du Nord, Mastronardi Produce, aurait tenté d’acheter la marque Savoura et certains actifs. L’offre aurait été refusée puisqu’elle n’englobait pas l’achat de toutes les serres (laissant de côté les moins performantes).

Cela dit, le spectre de la prise de possession de ce fleuron québécois par des mains étrangères effraie plusieurs serristes québécois. « Si Savoura est vendue à une grosse compagnie ontarienne ou américaine, la game changera complètement ici. Ces gros joueurs ont plus de variétés de légumes, ils ont des moyens supplémentaires pour acheter de l’espace tablette et pour investir en promotion. Cela voudra dire moins de place pour les producteurs québécois, même dans les épiceries du Québec », indique la source, qui s’inquiète également de la confusion qui pourrait en résulter chez le consommateur. « Une tomate Savoura, que les gens associent au Québec, pourra alors provenir du Québec, de l’Ontario ou même du Mexique. Le consommateur devra mettre ses petites lunettes », conclut-elle.