Alimentation 14 mars 2023

Les épiciers justifient leurs profits par la vente de produits pharmaceutiques

Invités à témoigner, le 8 mars, devant le Comité permanent de ­l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes, dans le cadre d’une enquête sur la flambée du coût des aliments, les dirigeants des trois plus grandes chaînes d’épiceries au Canada ont nié catégoriquement profiter de l’inflation et gonfler le prix des ­denrées pour tirer plus de marges.

« Sur un panier de 25 $, nous n’enregistrons que 1 $ de bénéfices », a martelé Galen G. Weston, président de Loblaw. Questionné à plusieurs reprises par les membres du comité sur les raisons pour lesquelles les profits enregistrés par son entreprise en 2022 ont pourtant grimpé par rapport aux années précédentes, tout comme ceux des deux autres chaînes d’épiceries présentes, M. Weston a attribué la croissance à la vente de produits non alimentaires, notamment par l’entremise de ses activités pharmaceutiques.

Le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, a affirmé, de son côté, que ses marges de profits sur les aliments ont en fait diminué depuis le début de l’exercice 2022, mais qu’elles ont elles aussi été compensées « par une marge bénéficiaire plus élevée en pharmacie ».

Dans ces circonstances, le député de Berthier-Maskinongé, Yves Perron, qui est porte-parole bloquiste en matière d’agroalimentaire, les a invités à être plus transparents dans leurs états financiers, puisque les données globales rendues publiques ne permettent pas de constater quelle portion des profits est attribuable à la vente de produits non alimentaires. « Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de rendre ces chiffres publics sans compromettre votre compétitivité? Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen, sinon, de les transmettre aux membres du comité? » a-t-il insisté. 

Le président de Loblaw a répondu que les données sont auditées et réelles et que la population peut « avoir confiance ». « Si on nous demande de divulguer les origines de nos résultats financiers à un tel niveau de détail, je demanderais à ce que tous soient soumis au même traitement, que ce soit Walmart, Costco ou n’importe qui d’autre », a-t-il ajouté.  

Michael Medline, président et chef de la direction d’Empire – qui détient la filiale Sobeys –,  a fait savoir qu’il n’enregistre des marges bénéficiaires que de 2,5 % et qu’une part infime de ses activités sont pharmaceutiques : « Prenez les chiffres et vous comprendrez nos marges et nos profits. »

Promesse de participer au code de bonne conduite

Les trois représentants d’épiceries présents se sont engagés à participer activement à l’adoption d’un code de bonne conduite pour remédier aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, a par ­ailleurs indiqué qu’il accepterait, en vertu de ce code, de faire preuve de plus de transparence en ce qui a trait aux négociations de prix avec les ­agriculteurs pour leurs produits.