Économie 14 octobre 2022

Le prix de l’agneau résiste à la pression de l’ouest du pays

En août dernier, le plus gros transformateur d’agneau de l’ouest du Canada s’est placé à l’abri de ses créanciers. Malgré la pression sur les prix qui en a découlé, les producteurs québécois semblent épargnés par les soubresauts du marché. 

En Alberta, la North American Lamb Company (autrefois connue sous le nom de Sungold) est le seul établissement sous inspection fédérale de l’ouest du pays. Il abat plus de 70 % de la production d’agneaux de l’Alberta dans une usine de 53 000 pi2 et a une capacité de transformation de 200 000 agneaux par an. La compagnie possède également près de 405 hectares de terres et plus de 700 000 pi2 d’infrastructures agricoles consacrées à la reproduction et à l’élevage d’agneaux en Alberta et au Manitoba. 

Lors du lancement de compagnie en 2018, les dirigeants avaient l’ambition d’offrir davantage d’uniformité dans l’approvisionnement tout au long de l’année en matière de génétique, de poids, d’âge au moment de l’abattage, mais également en matière de régie d’élevage. L’entreprise n’a toutefois jamais atteint la rentabilité.

« Les activités sont maintenues à l’abattoir jusqu’au 9 décembre. L’abattoir est à vendre, et ils cherchent à liquider les fermes, les animaux et l’équipement, mais pour l’instant, ils continuent d’acheter de l’agneau des producteurs dans l’Ouest canadien et ils continuent de vendre à leur clientèle », explique le président des Éleveurs d’ovins du Québec, Pierre Lessard, qui reconnaît que la situation crée de l’inquiétude sur le marché. 

Au Québec toutefois, il observe que les prix de l’agneau lourd sont légèrement inférieurs à ceux de 2021, mais qu’ils se tiennent somme toute. Il explique que les producteurs sous contrat avec des acheteurs ont actuellement un prix supérieur à celui du marché, notamment grâce à la formule de prix adoptée en 2021. Les prix de vente hebdomadaires des producteurs sans contrat reflètent quant à eux les prix du marché, mais restent supérieurs ou comparables à ceux-ci. 

Le syndic au dossier de l’abattoir albertain, Neil Narfason de chez Ernst & Young, souhaite éviter de tuer le marché. « Nous devons faire attention à la manière dont nous vendons les animaux et à ne pas déprimer le marché. Nous devons vendre à un bon prix et avoir suffisamment d’intérêt à l’achat. Il y aura donc une calibration à mesure que le nombre d’animaux sera redistribué à travers un certain nombre de producteurs différents », a-t-il déclaré au Alberta Farmer Express.

Après le 9 décembre, Pierre Lessard pense que l’abattoir aura été racheté et qu’il poursuivra ses activités. « Dans l’éventualité d’une fermeture temporaire, je ne crois pas que le prix sera affecté pour la période de janvier à juin », mentionne-t-il.