Économie 25 mai 2022

Le nombre de fermes augmente au Québec pour la première fois en 80 ans

Bien que l’analyse des données provinciales du recensement agricole 2021 n’ait pas encore été dévoilée par Statistique Canada, les chiffres compilés par l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour le Québec démontrent que pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale (1941), le nombre de fermes s’est accru dans la province.

Avec 461 nouvelles fermes entre 2016 et 2021, le Québec a connu une croissance de 1,6 %, soutient le coordonnateur à la Direction de la recherche et des politiques agricoles de l’UPA, David Tougas. « Personnellement, j’ai été agréablement surpris de la hausse du nombre de fermes. On gère une décroissance depuis presque toujours et de voir que ça s’est arrêté et même qu’il y a une petite augmentation, c’est quelque chose de très positif », confie ce dernier. Ce sont dans les régions de l’Estrie (9,9 %), du Saguenay–Lac-Saint-Jean–Côte-Nord (8,1 %) et du Centre-du-Québec (3,8 %) que l’évolution du nombre de fermes a été la plus marquée entre 2016 et 2021. « L’augmentation provient principalement du secteur acéricole, explique-t-il. On voit deux tendances, en fait : acéricole, mais aussi grandes cultures. Et on pense que dans les grandes cultures, ce sont des gens qui ont quitté les productions animales et qui ont continué de cultiver. Alors on a des gains officiels dans les grains, mais des pertes du côté laitier ou bovin. On peut penser qu’il y a de la substitution là-dedans parce que les superficies en culture n’ont pas augmenté. »

David Tougas observe que depuis les cinq dernières années, le nombre de petites fermes est demeuré stable au Québec, alors que le nombre de fermes moyennes a diminué au profit du nombre de grandes exploitations. « Il y a encore plus de 50 % des fermes qui génèrent moins de 100 000 $ de revenu brut », souligne-t-il.

Au Québec, 20 % des fermes ont déclaré vendre des produits agricoles directement aux consommateurs, alors que cette proportion a été de 13,6 % au Canada en 2021. Photo : Myriam Laplante El Haïli/Archives TCN
Au Québec, 20 % des fermes ont déclaré vendre des produits agricoles directement aux consommateurs, alors que cette proportion a été de 13,6 % au Canada en 2021. Photo : Myriam Laplante El Haïli/Archives TCN

Plus de femmes

L’UPA mentionne que l’une des « bonnes nouvelles » qui émergent des données provinciales est l’accroissement du nombre d’agricultrices. Ces dernières représenteront bientôt près du tiers des producteurs du Québec. « Le nombre d’hommes a diminué de [près] de 500 et on a gagné environ 800 femmes exploitantes, ce qui fait augmenter la proportion d’exploitantes de 26 % en 2016 contre 28 % aujourd’hui », mentionne David Tougas.

Les plus jeunes du Canada

Les producteurs québécois n’ont pas échappé à la tendance canadienne de vieillissement de la population. L’âge moyen des agriculteurs québécois est passé de 53 ans à 54 ans entre 2016 et 2021. « Cela étant dit, on reste la province où l’âge moyen des exploitants est le plus jeune au Canada », indique M. Tougas. L’âge moyen des producteurs canadiens était de 56 ans dans le recensement de 2021.

Le bio en croissance de 120 %

Le Québec connaît une croissance de 120 % du nombre de fermes qui déclarent vendre des produits certifiés biologiques, alors que la moyenne canadienne est de 44 %. En 2016, le Québec comptait 3 663 fermes certifiées biologiques, alors qu’en 2021, ce nombre a atteint 5 275.