Économie 10 janvier 2018

Après le bois d’œuvre, le papier journal

Les mesures protectionnistes se multiplient de la part des États-Unis et c’est le papier journal qui en fait maintenant les frais.

Le département du Commerce des États-Unis a imposé des droits compensateurs préliminaires variant de 0,65 % à 9,93 % sur le papier non couché. Quelque 25 usines canadiennes seront touchées, dont sept au Québec. Le Canada est le plus grand exportateur de papier journal et a expédié pour 1,6 G$ de ce produit aux États-Unis en 2016.

L’entreprise la plus affectée au Québec est Résolu, qui subira un droit préliminaire de 4,42 %. Kruger est frappée encore plus durement avec un tarif de 9,93 %. À part Catalyst (6,09 %) et White Birch (0,65 %), l’ensemble des papetières devra composer avec un droit préliminaire de 6,53 %. Des droits antidumping pourraient se rajouter dans les prochaines semaines. La révision des droits compensateurs préliminaires est prévue d’ici le 23 mai prochain.

Cette nouvelle attaque contre l’industrie forestière canadienne fait suite à une plainte de l’entreprise NORPAC de l’État de Washington, qui estime que ses concurrents bénéficient d’un avantage déloyal causé par du bois subventionné.

Ce nouveau coup dur pour l’industrie forestière compliquera également la vie aux scieries puisque ces dernières pourraient avoir plus de difficulté à écouler leurs copeaux auprès des papetières. Rappelons que le bois d’œuvre canadien fait déjà l’objet de droits de 20,83 % sur le marché américain. Le papier surcalandré (magazines, circulaires) est également visé par des droits américains depuis 2016.

Concert d’opposition

« Tout droit compensateur aura un effet négatif direct sur les journaux américains, notamment ceux des petites municipalités, et entraînera des pertes d’emplois dans le secteur de l’imprimerie aux États-Unis », a déclaré Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada, qui assure vouloir aider l’industrie forestière à améliorer les relations commerciales existantes et à diversifier ses marchés. Autant le gouvernement que l’industrie canadienne estiment que la plainte américaine est non fondée.

Huit sénateurs américains ont récemment défendu l’industrie canadienne en attribuant la baisse du prix du papier non couché à une diminution constante de la demande plutôt qu’à un commerce inéquitable. Les sénateurs estiment qu’une hausse du coût du papier journal portera un coup dur aux journaux, qui vivent déjà des années difficiles en raison d’une érosion des revenus publicitaires au profit de géants de l’Internet comme Facebook et Google.