Actualités 23 septembre 2014

Une pépinière pour la relève agricole

1ea120c2511cb118063cf7d91d20efde

L’Ange-Gardien (Outaouais) – Dans l’Outaouais, la plate-forme agricole de L’Ange-Gardien constitue une pépinière de choix pour les agriculteurs en herbe.

L’idée d’une plate-forme agricole, une ferme où les entreprises de la relève pourraient s’établir durant leur démarrage, germe au cours de l’été 2008 au Centre de recherche et de développement technologique agricole de l’Outaouais (CREDETAO). Peu de temps après, la plate-forme est présentée au Centre local de développement (CLD). À l’époque, Robert Goulet est conseiller municipal à L’Ange-Gardien. Séduit par l’idée, il ne fait ni une ni deux et propose sa municipalité. À proximité des grands centres et avec des terres fertiles situées aux abords de la rivière du Lièvre, L’Ange-Gardien est finalement l’heureuse élue. « On cherchait une municipalité proactive », spécifie la coordonnatrice de la plate-forme, Ann Lévesque. « C’était difficile de voir nos terres en friche et nos bâtiments agricoles s’écrouler. Pour nous, c’était désolant. Nous voulions essayer de revitaliser tout ça », explique le maire. « De 40 à 50 % de notre territoire est zoné agricole. Ce sont les meilleures terres de l’Outaouais », renchérit le directeur général de la Ville, Alain Descarreaux.

Pour assurer la pérennité du projet, la municipalité se porte donc acquéreur d’une ancienne prairie. « C’est dans la vision de L’Ange-Gardien de conserver son agriculture. On n’a aucun appétit pour des demandes de dézonage. Pour nous, l’agriculture, c’est sacré », assure le maire Goulet. La Ville a d’ailleurs impliqué toute sa communauté dans le projet, en organisant un 5 à 7 pour que ses résidents rencontrent les artisans de la plate-forme. « Il y avait une certaine fierté », raconte le maire. « Il y en a qui vont chercher leur miel et leurs légumes à la plate-forme », poursuit Ann Lévesque.
La plate-forme dispose d’une soixantaine d’acres certifiées biologiques et d’un bâtiment multifonctionnel, d’anciens conteneurs maritimes recyclés qui abritent une chambre froide, une salle de lavage et des locaux d’entreposage. Les infrastructures comprennent aussi un abri pour la machinerie, une serre chauffée, trois tunnels froids, un système d’irrigation central, toute une brochette d’équipements pour travailler le sol de même que l’accès à l’eau potable, à certains engrais verts biologiques et à de la main-d’oeuvre à forfait. Les apprentis producteurs qui veulent se greffer à la plate-forme doivent s’engager pour cinq ans. De plus, ils doivent payer des frais d’adhésion de 400 $/année ainsi que de frais d’exploitation de 120 $/acre.

Portrait de famille

Les premières cultures ont été mises en terre à l’automne 2009. C’est toutefois au printemps 2010 que la première cohorte de cinq entreprises a pris d’assaut la plate-forme. Christian et Julie produisent de l’ail et du sureau, Jean-François traite ses courges aux petits oignons, Om se consacre à la culture du millet et du sorgho sucrés, Talusier et Geneviève sont apiculteurs, Charlotte et Richard de même que Todd sont dévoués aux paniers de légumes, tandis que Sonia, Nathalie et Cécile cultivent de l’ail. La plate-forme est aussi appelée à devenir un petit labo à ciel ouvert. « La plate-forme est là pour soutenir d’aplomb la relève, mais aussi pour susciter de nouvelles productions. On a des terres, de la relève. Ça prend juste des idées », affirme Ann Lévesque.

Cette année, la petite communauté accueillera James Thompson et sa conjointe Geneviève Grossenbacher. Le couple pourra finalement démarrer son entreprise maraîchère, Notre petite ferme, lui qui se frappait depuis quatre ans aux superficies trop importantes des terres sur le marché et à leurs prix parfois mirobolants. « C’est exceptionnel! Nous pouvons démarrer sans mise de fonds, lance James. La plate-forme donne du temps pour établir les prochaines étapes. Tu peux installer ton entreprise, puis chercher une terre. » Pour le jeune homme, la mise de fonds de 25 % exigée pour l’acquisition d’une terre brime la relève dont les liquidités sont limitées. Il propose comme antidote la mise en place d’une « assurance hypothèque » en agriculture. « Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Je veux démarrer mon entreprise agricole pendant que je suis jeune, que je suis capable de faire des heures de fou ! À 40 ans, je vais vouloir passer plus de temps avec mes enfants. Il faut entrer en agriculture le plus tôt possible », insiste-t-il.
Pour les cinq prochaines années, Geneviève et lui pourront au moins compter sur le « tout inclus » de la plate-forme : trois acres de terrain drainé avec une sortie d’eau en plus de toutes les infrastructures et équipements nécessaires au roulement de leur ferme maraîchère. Les producteurs membres de la plate-forme bénéficient aussi du fait que les acteurs économiques et agroalimentaires de l’Outaouais soient assis autour de la même table. « Cette année, je vais avoir du soutien du Centre local de développement (CLD).

Tous les organismes ici travaillent comme une grande équipe pour s’assurer que les jeunes démarrent bien », témoigne James. Pour la saison à nos portes, huit membres cultiveront la plate-forme. Pour plus d’information, vous pouvez visiter le site www.demarretafermebio.com.
La plate-forme a bénéficié d’investissements totaux de plus de 400 000 $. Outre L’Ange-Gardien, le CLD et la municipalité régionale de comté des Collines de l’Outaouais, la SADC de Papineau, la Table jeunesse de l’Outaouais, la Caisse populaire Desjardins de la Basse-Lièvre, Carrot Cache et le gouvernement du Québec (Agriculture, Développement économique et Emploi Québec) ont tous contribué.