Alimentation 2 juin 2022

Un potager en plein désert

MONTRÉAL – La Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) vient de frapper un grand coup. L’organisme communautaire disposera bientôt d’un tout nouveau potager de 24 000 pi2, gracieuseté de la Société des alcools du Québec (SAQ).

La Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve a déjà installé des jardinières sur l’esplanade du siège social de la SAQ. Une partie des légumes qui en sortent est vendue à la cafétéria de la SAQ.
La Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve a déjà installé des jardinières sur l’esplanade du siège social de la SAQ. Une partie des légumes qui en sortent est vendue à la cafétéria de la SAQ.

C’est là, en plein milieu urbain, que la CCHM fera pousser ses tomates en plus d’une centaine de variétés de légumes. « Ça nous permet de mettre une quantité démultipliée de légumes et de fruits à la disposition de la population du quartier », lance Benoist de Peyrelongue, directeur général de la Cuisine collective d’Hochelaga-Maisonneuve. La CCHM cultive déjà près de 5 000 pi2 de superficie, distribués en quatre endroits, dont la zone industrielle du 5 600 Hochelaga et le siège social de la CSN. L’entente avec la SAQ lui permet de faire un pas de géant. « L’année dernière, on était à peu près à 3 000 tonnes de récoltes. Avec la SAQ, on devrait finir l’année avec 10 à 15 tonnes », estime Benoist de Peyrelongue.

Plus que de la terre

Une soixantaine d’arbres fruitiers et une serre de 5 700 pi2 s’ajouteront à l’aménagement du potager. « Ça nous permet de poursuivre notre implication au niveau de la sécurité alimentaire et de renforcer notre ancrage dans le quartier », explique Martin Marier-Pilon, directeur responsabilité sociétale à la Société des alcools du Québec. L’implication de la société d’État prend un sens particulier dans Hochelaga-Maisonneuve, qualifié de « désert alimentaire. » Pour Benoist de Peyrelongue, le potager représente un pas de plus vers la souveraineté alimentaire des citoyens du quartier. « Le droit à une saine alimentation pour tous passe par cet approvisionnement en circuit court local », soutient le directeur général, qui promet des prix abordables pour les fruits et les légumes qui sortiront du nouveau jardin. « Notre ferme n’aura pas de fluctuations de prix, dit-il. On aura un prix constant à l’année parce qu’on dépend de nous seuls. On coupe tous les intermédiaires de commercialisation », précise Benoist de Peyrelongue, qui semble se réjouir de cette petite jambette faite au modèle conventionnel de mise en marché.

Influencer pour grandir

La durée de l’entente entre la SAQ et la CCHM est de cinq ans, mais l’idée de poursuivre se profile. « On va vivre les cinq premières années, mais c’est une entente qui pourrait être renouvelée », admet Martin Marier-Pilon, qui aimerait voir l’initiative de la SAQ reproduite par d’autres entreprises. « Y a des acteurs, notamment dans les quartiers industriels, où des entreprises disposent d’espace. Ça peut être une belle occasion pour elles de se renouveler », dit-il. 

Il semblerait d’ailleurs que ce soit déjà le cas. Discret sur l’identité du partenaire, le directeur général de la CCHM laisse échapper qu’une nouvelle entente pourrait bientôt être conclue pour l’aménagement d’un autre potager urbain de 22 000 pi2 et d’une serre de 3 000 pi2

Claude Fortin, collaboration spéciale