Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les spécialistes recommandent fortement de combiner la culture sur billons avec les autres bonnes pratiques comme les rotations, les engrais verts… et une technique encore trop peu employée : celle en bandes alternées.
Quelques producteurs sur billons cultivent des bandes alternées de maïs et soya de trois rangs chacune. Aux Fermes Longprés, on fait encore mieux : ces bandes aménagées sur quelque 70 hectares atteignent 36 m de large. Elles suivent une rotation complète : maïs, soya, céréale de printemps et jachère. « Le puceron du soya est moins présent grâce à cette stratégie, constate M. Dewavrin. Et nous n’observons plus d’infestation de ver-gris noir dans la même zone après l’adoption des bandes alternées. »
Quant aux cultures de couverture, ou engrais verts, elles sont très utilisées, autant à la ferme de Jean-François Ridel qu’à celle des Dewavrin. Parmi les variétés semées par ces producteurs, on retrouve le trèfle, la vesce velue, le lotier, la féverole, le pois fourrager, le ray-grass, l’avoine, le blé, le radis fourrager, la moutarde, le seigle d’automne… et même des mauvaises herbes pour attirer certains insectes nuisibles!
« Le semis de blé en intercalaire dans le soya semble avoir presque éliminé la sétaire géante », note l’agronome Valérie Bouthillier-Grenier. Conseillère en régie biologique pour la firme Pleine Terre, la jeune agronome suit Les Fermes Longprés depuis 2007, « une entreprise modèle pour l’agriculture biologique », dit-elle.
La bande alternée en jachère (par exemple en trèfle ou en pois fourrager) demeure très rentable pour la fertilité du sol, calculent les Dewavrin. Un peu grâce à cette parcelle en rotation tous les ans, ils n’utilisent plus de fumier dans leur maïs-grain. Ils peuvent néanmoins appliquer du fumier ou du compost avec précision dans leurs billons, avec un épandeur qu’ils ont habilement modifié.
Les producteurs ont amorcé cette année une expérience originale : semer du maïs-grain en rangs espacés de 60 po dans une bande en jachère, deux ans de suite. De quoi faire d’une pierre deux coups. « Il serait possible de récolter jusqu’à 80 % du rendement par rapport à un espacement de 30 po, alors nous verrons ce que cela donnera sur la jachère », dit Matthew Dewavrin.
« Nous ne visons pas forcément les rendements maximums, mais plutôt le maintien ou l’amélioration de la santé du sol », dit Thomas Dewavrin, dont l’entreprise a été classée dans les groupes de tête par une firme-conseil.
Un peu d’histoire
Après les débuts de la culture sur billons dans les années 1960 par Ernie Behn à sa ferme de Boone, en Iowa, cette pratique s’est propagée dans les États voisins. Elle a rejoint l’Ontario et le Québec dans les années 1970. C’est durant cette période qu’elle a été étudiée chez nous par le chercheur à l’Université Laval Régis Boily, aidé sur le terrain par le producteur Bernard Granger. Par la suite, à la fin des années 1980, l’agriculteur Jean Asnong a fait progresser cette technique. Puis, dans les années 1990, le producteur Simon Audette est devenu le pionnier des billons en gestion biologique.
« On compte une trentaine de souscripteurs dans notre club, révèle Jean-François Ridel, agriculteur et président du Club Action Billon. Notre club regroupe des producteurs biologiques et conventionnels, ce qui occasionne des échanges réellement constructifs. Mais il y aurait au Québec deux à trois fois plus de cultivateurs sur billons que dans notre club. » M. Ridel évalue à environ 10 000 ha la superficie cultivée sur billons dans notre province. Ce qui motive cet agriculteur à cultiver une partie de ses terres sur billons, c’est la passion. « Je veux me focaliser sur ce que je fais et bien le faire », dit cet ingénieur en production automatisée qui siège comme vice-président au Syndicat de l’UPA de Rouville.