Actualités 16 mai 2019

Plantes fourragères : certains ont tout perdu cet hiver

Dans certaines régions du Québec, des producteurs n’attendent plus l’émergence de leurs plantes fourragères. L’hiver a détruit leurs champs de luzerne et de graminées.

« On a un champ de luzerne âgé de trois ans qui est à 95 % scrap. Les prairies sont très abîmées », constate le producteur laitier Erick Gasser, de Pike River, en Montérégie, près de la frontière américaine. Il explique qu’avec l’absence de neige par moments cet hiver, ses drains ont gelé et ses champs se sont transformés en patinoires, ce qui a causé la perte des plantes pérennes. Heureusement que les Gasser disposent généralement de réserves suffisantes pour nourrir leur troupeau 18 mois après la première coupe.

En Estrie, le producteur de foin de commerce Dany Therrien accuse environ 10 jours de retard de croissance et des pertes d’au moins 30 % sur les 250 hectares qu’il cultive en plantes fourragères. « La mortalité hivernale nous a passablement affectés. C’est triste! » commente-t-il, ajoutant que les champs de fétuque, de mil et de luzerne de voisins ont presque entièrement été décimés.  

De faibles réserves

Au Centre-du-Québec, Pascale Martin s’inquiète de manquer de fourrage pour sustenter son troupeau de chèvres laitières. « Nous avons eu 20 % de pertes hivernales. Le gros problème, c’est que les plantes ne poussent pas à cause du froid qui ne finit plus de finir. C’est stressant! Nos réserves de foin et d’ensilage descendent et le foin est rare et très cher sur le marché », décrit la résidente de Saint-Léonard-d’Aston. L’agricultrice et son frère viennent de trouver du foin à acheter. « C’est quand même 80 $ la grosse balle plus les frais de transport! De l’argent qu’on n’avait pas prévu de dépenser », indique-t-elle.  

L’Est-du-Québec et le Lac respirent

Les plantes fourragères des deux régions les plus durement touchées par la sécheresse en 2018, le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay–Lac-Saint-Jean semblent épargnées par la mortalité hivernale. À Rivière-Ouelle, au Bas-Saint-Laurent, Rémi Hudon était au volant de son tracteur en train de fertiliser ses champs lorsqu’il a été contacté par La Terre, le 16 mai. « Je suis agréablement surpris. Jusqu’à maintenant, je n’ai vu aucune mortalité. Il faut dire qu’on a eu un couvert de neige de l’enfer cet hiver », mentionne-t-il. Un peu plus à l’est, à La Pocatière, Pascal Pelletier rapporte une situation similaire. « Ce n’est pas si mal. Tout est là. On a juste une grosse semaine de retard sur la croissance habituelle des plantes », remarque le producteur laitier.

Au Lac-Saint-Jean, le technicien Gilles Asselin, de la Coopérative des Deux Rives, a visité plusieurs champs et pratiquement aucun n’était décimé par la mortalité hivernale. « Sauf sur les terrains plus sablonneux où les semis effectués l’an dernier sont morts en raison de la sécheresse », précise-t-il. Le producteur laitier Michel Frigon, d’Albanel, fait état d’un printemps tardif, malgré qu’il y ait encore 2 mètres de neige près de sa haie brise-vent. Mais il n’a relevé aucune mortalité chez ses plantes fourragères

Après avoir terminé la fertilisation de ses plantes fourragères, Rémi Hudon pousse un soupir de soulagement : aucun de ses champs n’a été affecté par le gel. Une bonne nouvelle étant donné que l’an dernier, ce producteur de lait de chèvre a dû acheter 43 000 $ de foin en raison de la sécheresse au Bas-Saint-Laurent.
Après avoir terminé la fertilisation de ses plantes fourragères, Rémi Hudon pousse un soupir de soulagement : aucun de ses champs n’a été affecté par le gel. Une bonne nouvelle étant donné que l’an dernier, ce producteur de lait de chèvre a dû acheter 43 000 $ de foin en raison de la sécheresse au Bas-Saint-Laurent.