Alimentation 8 janvier 2019

Une nouvelle pomme pour valoriser la communauté mohawk

Un rapprochement entre des pomiculteurs de Saint-Joseph-du-Lac et la communauté mohawk de Kanesatake a donné naissance à la pomme Ò:İASE.

Cette nouvelle variété, un croisement entre la Honeycrisp et la Pitchounette, pourrait être commercialisée d’ici cinq ans, projette l’hybrideur Roland Joannin, fondateur du collectif La Pomme de demain. 

Ò:İASE, qui se prononce « oyiassai » en français, signifie « nouvelle pomme » en mohawk. Elle est le fruit d’un partenariat entre l’organisme réunissant une cinquantaine de membres, pomiculteurs et cidriculteurs à travers la province, et l’Association pour la préservation de la langue mohawk ainsi que le Centre culturel de Kanesatake.

« [Avec le collectif], on veut valoriser le terroir. Et il n’y a rien de mieux que de donner un nom mohawk à une pomme de la région », estime M. Joannin. C’est Hilda Nicolas, directrice de l’association mohawk, qui a baptisé la nouvelle variété. Ce projet « est un honneur pour nous », a-t-elle déclaré lors de son lancement, le 18 décembre.

Nicolas Villeneuve, conseiller municipal de Saint-Joseph-du-Lac, Roland Joannin, hybrideur, et Hilda Nicolas, directrice de l’Association pour la préservation de la langue mohawk, lors du lancement de la Ò:İASE. Crédit photo : Gracieuseté de La Pomme de demain
Nicolas Villeneuve, conseiller municipal de Saint-Joseph-du-Lac, Roland Joannin, hybrideur, et Hilda Nicolas, directrice de l’Association pour la préservation de la langue mohawk, lors du lancement de la Ò:İASE. Crédit photo : Gracieuseté de La Pomme de demain

Pour une bonne cause

Hilda Nicolas a profité de l’occasion pour souligner l’importance de protéger, de préserver et de promouvoir la langue mohawk, qui est de moins en moins parlée au sein de la communauté. C’est pourquoi le collectif a pris l’engagement de remettre 25 cents à l’Association pour la préservation de la langue mohawk pour chaque arbre Ò:İASE vendu par le collectif aux vergers.

Ò:İASE est à l’essai dans les vergers expérimentaux de Saint-Joseph-du-Lac et de Mont-Saint-Grégoire depuis 2007. « Il nous reste encore trois à cinq ans de travail à réaliser », estime M. Joannin, soulignant le long processus qui accompagne la création de nouvelles variétés hybrides. Selon lui, cette pomme croquante au goût de prune jaune est prometteuse pour le marché québécois. « Elle est vraiment, vraiment délicieuse », confirme Mme Nicolas. 

« Au-delà de son goût, la nouvelle pomme jouera un grand rôle », déclare Nicolas Villeneuve, conseiller municipal de Saint-Joseph-du-Lac. « Toute la culture et la langue mohawk voyageront grâce à cette pomme. Elle représente toute une communauté et contribuera à faire reconnaître l’apport indéniable de la culture [mohawk] à notre région. » « Habituellement, on marche côte à côte et on ne se parle pas. Là, on a fait quelque chose ensemble, se réjouit M. Joannin. Ce genre de projet est à promouvoir. »