Actualités 10 mai 2021

Microculture de cannabis, une production en émergence

La production de cannabis accueille de nouveaux joueurs au Québec, les microproducteurs. Ce type de production est encore marginal. Une vingtaine de licences de microculture ont été délivrées par Santé Canada au Québec jusqu’à présent, la plupart en 2020. Les premiers produits issus de cette culture commencent à être commercialisés.

Comme ces licences sont moins coûteuses que les standards, elles permettent à plus de personnes de se tailler une place dans ce domaine, où il n’est pas évident de se lancer. « Plusieurs font le choix de demander une licence de microproducteur parce que l’industrie du cannabis n’a pas accès à de l’aide financière traditionnelle », indique Philippe Laperrière, président-directeur général de Fuga, une entreprise de microproduction, et également vice-président de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis. Celui qui a découvert les bienfaits médicaux du cannabis à la suite d’une commotion cérébrale a opté pour la microculture parce qu’il en apprécie le côté artisanal.

À l’initiative de l’entreprise ROSE ScienceVie, un collectif de microproducteurs a été formé l’an dernier dans le but de les aider dans la commercialisation et la mise en marché de leurs produits. « Pour obtenir une licence, il faut avoir l’infrastructure déjà en place et prouver qu’on répond aux standards. Ce n’est pas toujours évident. Beaucoup de gens s’essayaient et n’arrivaient pas à se rendre à la commercialisation et la mise en marché. Leur investissement tombait à l’eau », explique Valentine Vaillant, vice-présidente marketing et ventes chez ROSE.

MindiCANNA fait partie des six entreprises d’un collectif lancé par ROSE ScienceVie. Photo : Gracieuseté de ROSE ScienceVie
MindiCANNA fait partie des six entreprises d’un collectif lancé par ROSE ScienceVie. Photo : Gracieuseté de ROSE ScienceVie

L’un des objectifs de son entreprise est d’encourager les petits joueurs de cannabis locaux à proposer des produits de niche, cultivés à la main. « Il y a de plus en plus de compétition au pays. On a choisi de se concentrer sur le côté local », indique Mme Vaillant. D’ailleurs, certains produits de microproducteurs portent le nom de la ville où le cannabis a été cultivé.

Cette dernière ainsi que Philippe Laperrière estiment que le marché de la microculture est appelé à croître. Ils le comparent aux microbrasseurs, dont le marché a pris un certain temps pour s’établir. « Tranquillement, les goûts vont se développer », croit le propriétaire de Fuga.  Il ajoute que ses plants subissent une cure de 40 à 50 jours dans des contenants hermétiques, ce qui ne peut se faire dans les grandes industries, faute de temps.

De longs délais avant d’avoir une licence

Les délais avant d’obtenir une licence pour pouvoir cultiver le produit légalisé au Canada depuis octobre 2018 en découragent toutefois certains. M. Laperrière soutient que ça lui a pris huit mois. Santé Canada mentionne que la norme pour délivrer une licence est de 110 jours ouvrables suivant la demande initiale. « Cette norme de service ne peut être respectée que si le demandeur fournit au Ministère tous les renseignements requis et ne comprend pas la période pendant laquelle le demandeur rassemble les renseignements à fournir », indique Tammy Jarbeau, conseillère principale des relations avec les médias pour Santé Canada. Elle assure que tout est mis en œuvre pour respecter le délai dans 70 à 75 % des cas.

Licence micro vs standard

Selon le Règlement sur le cannabis, la licence de microculture permet de cultiver du cannabis sur une superficie maximale de 200 m2 à l’intérieur ou à l’extérieur, ce qui correspond à une production d’environ 400 à 500 kg de cannabis annuellement.

Un producteur standard peut produire jusqu’à 300 kg par semaine. La licence de microtransformation limite à 600 kg la quantité de cannabis séché que le détenteur peut posséder dans une année. Les licences standards n’ont pas ces restrictions. Les frais pour une demande de licence standard sont de 3 277 $. Les microproducteurs paient la moitié de ce prix.