Actualités 30 mai 2019

Les semis presque finis en Gaspésie, mais rien de fait en Estrie

Le retard de semis s’accentue dans certaines régions du Québec, ce qui en désole plus d’un.

Établi dans l’une des régions les plus au sud du Québec, Karl Frappier regarde ses champs avec découragement. « En date du 29 mai, je n’ai rien de semé. Il y a de la boue partout, décrit l’agriculteur de Saint-François-Xavier, en Estrie. On commence seulement à étendre du fumier. C’est stressant, car il y a deux ans, j’ai semé le maïs en juin et la récolte a été une catastrophe. »

Au sud de Montréal, l’agronome Valérie Bouthillier Grenier remarque que rien n’a été fait dans une majorité de champs. « Tout le monde commence à être déprimé. Ceux qui ont été chanceux ont réussi à voler deux ou trois jours pour semer. Il y a encore des accumulations d’eau dans plusieurs champs », mentionne-t-elle. Elle estime qu’il est maintenant trop tard pour les céréales, mais rien n’est catastrophique pour le soya et le maïs. « Il y a encore des possibilités de bons rendements. Tout dépendra de l’été et de l’automne », souligne l’agronome.

Paradoxalement, en date du 29 mai, Sébastien Brière avait semé 400 ha à Caplan, en Gaspésie. « Ça va bien. Je finis le soya aujourd’hui », mentionne-t-il, en faisant remarquer de surcroît que les premiers champs semés en céréales affichent déjà une levée magnifique.

Régions grosses productrices de grains en retard

« Ça avance, mais pas rapidement », résume pour sa part Mathieu Pigeon, qui cultive 450 ha de maïs et de soya dans les environs de Sainte-Madeleine, en Montérégie. Il estime que 70 % du maïs est semé dans la région de Saint-Hyacinthe. « Les producteurs ne visent plus l’optimal. Ils prennent les journées de beau temps qu’ils ont et contournent les secteurs des champs qui sont trop mous », explique M. Pigeon. Seulement 10 à 15 % de tous les volumes de semences vendues ont été changés pour des cultivars plus hâtifs, précise celui qui vend également des semences à d’autres agriculteurs.

Anton Buehlmann, du Centre-du-Québec, a semé seulement 10 % de son soya. À quelques jours du mois de juin, il lui reste une superficie de 485 ha à ensemencer. Photo : Gracieuseté d’Anton Buehlmann
Anton Buehlmann, du Centre-du-Québec, a semé seulement 10 % de son soya. À quelques jours du mois de juin, il lui reste une superficie de 485 ha à ensemencer. Photo : Gracieuseté d’Anton Buehlmann

L’agronome Daniel Simard estime lui aussi que 60 à 70 % du maïs est semé dans ce secteur de la Montérégie. « Mais il n’y a pas grand-chose de fait dans le soya », remarque-t-il.

Près de Drummondville, Anton Buehlmann a pratiquement terminé de mettre en terre le maïs, mais a semé seulement 10 % du soya sur les 485 ha à faire. « C’est nuageux, c’est froid et ça ne sèche pas. Ce n’est vraiment pas des bonnes conditions. On a failli se prendre en dérochant et on est le 28 mai », commente-t-il. Les semis de ses voisins n’ont également pas progressé.

Un retard variable sur la rive nord du fleuve

À Lanaudière, Sylvain Raynault cultive 1 400 ha sous régie biologique. « La moitié de mon maïs est semé. Encore deux jours de beau temps et ça sera terminé. Il restera mon soya », dit-il sans trop se stresser. Ses cultures de pois et de maïs de conservation seront naturellement semées plus tard, ce qui lui donne une chance. Il cultive aussi des terres 120 km plus loin, à Shawinigan. « Là-bas, c’est différent. Ça va très bien. On termine le maïs aujourd’hui et le soya sera bientôt fini. On sème présentement dans la poussière », décrit-il.

Pour la partie ouest du Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’expert-conseil Gilles Asselin constate qu’il y a un retard d’une dizaine de journées. « Habituellement, les producteurs finissent de semer à cette date-ci. Mais cette année, il reste environ 50 % des céréales à faire, encore un peu de soya et du maïs », évalue-t-il. Les agriculteurs qui plantent du maïs sous pellicule de plastique semblent particulièrement favorisés cette année. « Les gars qui utilisent du plastique ont été plus agressifs en semant quand le sol n’était pas 100 % prêt, car ça reste tellement humide sous le plastique que la terre ne croûte pas. Ces maïs-là ont deux semaines d’avance », calcule le technologue, qui couvre une grande partie du territoire.