Actualités 16 mai 2018

Des filières innovantes dans la production de grains

Ce début de saison met en lumière des entreprises de grandes cultures qui se diversifient dans des filières innovantes.

Le lin pour les vaches

La production de lin pour la nutrition des vaches laitières est vouée à un avenir prometteur. Jean Côté, de la Ferme Blanco à Sainte-Luce, un producteur de lin depuis près de 10 ans, a doublé sa superficie cette année, qui est ainsi passée de 8 à 15 hectares. Cette culture rapporte environ 500 $ la tonne, selon l’agriculteur.

L’ajout de ces graines riches en acides gras à la ration des vaches pourrait avoir une incidence sur leur fertilité et leur production de lait. « L’apport de gras […] est reconnu pour favoriser [leur] retour rapide aux chaleurs et améliorer l’établissement et le maintien de la gestation », peut-on lire dans un récent bilan d’études réalisé par Écosphère.

M. Côté attend impatiemment l’implantation d’une usine de défibrage dans la MRC de La Mitis, dont un projet fait actuellement l’objet de négociations. Il estime que la région pourrait fournir environ 2 000 tonnes de fibres, ce qui permettrait d’augmenter de 100 à 200 $ le rendement à l’hectare des producteurs de lin.

Jean Côté
Jean Côté

Le soya IP, un grand succès québécois

Les producteurs et transformateurs québécois ont réussi à se hisser « dans le top 3 des plus grands producteurs de soya à identité préservée [IP] au monde », assure Alain Létourneau, président de Prograin. Il précise que la demande est en hausse pour ce type de soya destiné à la consommation humaine.

« Le marché s’oriente vers des fournisseurs qui répondent aux besoins spécifiques des clients. On a justement rapproché notre recherche et développement en conséquence afin d’être encore plus compétitifs », dit celui dont l’entreprise exporte vers l’Asie et l’Europe.

Près de Saint-Hyacinthe, l’agriculteur Mario Tanguay sème présentement 325 hectares uniquement en soya IP. « Les primes sont avantageuses et ça nous donne une rotation d’herbicide supplémentaire. J’aime aussi savoir que ça nourrira des humains. Des Japonais sont déjà venus nous voir dans le champ; j’avais trouvé ça spécial! » dit-il.

Sans gluten et fiers de l’être!

La Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent développent la filière des grains biologiques sans gluten. Des producteurs comme Francis et Raphaël Lemieux aménagent leur ferme afin d’empêcher toute forme de contamination. « On ne va pas battre ailleurs et on cultive uniquement des grains sans gluten comme le sarrasin et l’avoine. C’est de l’investissement et c’est un risque. Mais un risque calculé, car le marché du sans gluten biologique est là », assure Francis Lemieux, de Cap-Chat, qui voit dans cette filière un avenir profitable pour sa relève.

Son acheteur, la Minoterie des Anciens, double ses volumes chaque année depuis sa fondation, soutient la directrice Victoria Beaupré. « On fabrique 10 sortes de farines qui sont certifiées bio, cachères et sans gluten par des organismes de certification. Ça nous ouvre les portes de plusieurs détaillants, dont les Costco de ce monde », indique-t-elle.

Francis et Raphaël Lemieux
Francis et Raphaël Lemieux

« On a développé un marché qui n’existait pas »

L’alliance formée entre un groupe d’agriculteurs, une meunerie et un acheteur pour lancer les Moulins de Soulanges a littéralement réussi l’exploit de développer un marché, celui du blé destiné à la consommation humaine.

« La banque ne voulait pas investir dans le projet. Nous [le groupe de producteurs] avons assumé nous-mêmes les coûts de construction du moulin », se remémore fièrement l’agriculteur Gilles Audette.

Le moulin achète aujourd’hui 40 000 tonnes de ce blé cultivé selon une régie « raisonnée », en utilisant le moins de pesticides possible. Les premières années n’ont pas été particulièrement rentables ni faciles en matière de recrutement, confie M. Audette : « Les vendeurs d’intrants tentaient de décourager les producteurs qu’on voulait convaincre d’embarquer avec nous. C’est sûr que du bio ou du raisonné, c’est moins bon pour leurs ventes! »

Le directeur du moulin, Jules Beauchemin, souligne pour sa part que le succès repose sur l’accompagnement agronomique des producteurs : « On a pris le pari de [leur] réapprendre à faire du blé de consommation humaine et à augmenter leurs rendements. »

Le chanvre biologique « explose »

Avec des prix oscillant entre 3 000 $ et 4 000 $ la tonne, la culture des graines de chanvre biologique a littéralement explosé au Québec.

Jacques Dallaire, agriculteur et copropriétaire d’un centre de nettoyage de grains biologiques, mentionne que 1 300 hectares ont été récoltés en 2017 seulement au Lac-Saint-Jean. Une forte progression étant donné que les agriculteurs de toute la province cultivaient 274 hectares de chanvre biologique en 2012.

Les transformateurs et producteurs travaillent présentement à créer une filière chanvre, laquelle visera à satisfaire les exigences des acheteurs et à développer des marchés pour le chanvre déclassé, qui n’est pas valorisé pour l’instant. La filière a aussi pour but de rendre la production québécoise plus compétitive, face à la Chine notamment, qui gagne des parts de marché et fait baisser les prix.

Plusieurs essais expérimentaux réalisés depuis 2006 ont contribué à améliorer la régie de culture. Un guide technique à ce sujet vient tout juste d’être publié sur le site d’Agri-Réseau.

Plusieurs producteurs comme Jacques Dallaire réalisent des parcelles d’essai dans leur propre ferme afin d’améliorer leur choix de variétés et leurs pratiques culturales. Crédit photo : Martin Ménard / TCN
Plusieurs producteurs comme Jacques Dallaire réalisent des parcelles d’essai dans leur propre ferme afin d’améliorer leur choix de variétés et leurs pratiques culturales. Crédit photo : Martin Ménard / TCN

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