Actualités 13 mai 2020

Engrais : la bonne dose au bon endroit au bon moment

Source importante d’éléments nutritifs, les engrais de ferme contiennent les substances favorisant le maintien des propriétés physiques et biologiques du sol tout en réduisant leur dégradation. Toutefois, l’art d’épandre la bonne dose au bon endroit et au meilleur moment avec la machinerie adéquate ne relève pas uniquement de l’intuition, mais de la mise en place d’une stratégie bien intégrée.

Les équipements d’épandage se répartissent en trois catégories. Les technologies à plusieurs sorties (jets multiples) près du sol (1,2 mètre) et dont la largeur n’excède pas 11 mètres, les machineries d’incorporation en surface et les pendillards, qui dirigent l’engrais naturel directement au sol.

« Un sol léger ou sablonneux est beaucoup plus propice pour effectuer de l’enfouissement qu’un sol lourd, reconnaît Claude Decelles, spécialiste des ventes d’équipement de gestion du fumier chez GEA Canada. Il est plus facile pour l’équipement de creuser un petit sillon et d’y déposer le fumier à deux ou trois pouces de profondeur. »

L’aéroaspersion basse est une technologie qui fractionne le lisier en fines gouttelettes qui, au contact de l’air ambiant, libèrent de l’azote. Cette perte par volatilisation se répercute au niveau de la performance du traitement des prairies.

« En général, les fermiers optent pour les rampes à jets multiples abaissés parce que l’incorporation exige en général beaucoup de force de tire (puissance motrice) du tracteur, mentionne M. Decelles. On dépose le fumier par gravité le plus près du sol pour réduire les odeurs au minimum et consommer moins de HP. »

Les rampe d’épandage à jets multiples déposent le fumier par gravité près du sol pour réduire les odeurs et consommer moins de HP.
Les rampe d’épandage à jets multiples déposent le fumier par gravité près du sol pour réduire les odeurs et consommer moins de HP.

On recommande également une teneur en matière sèche de moins de 7 % et une consistance homogène assez épaisse pour éviter la formation de bruines ou entraîner la dérive du lisier.

Autre méthode : l’application sous couvert végétal à l’aide de pendillards réduit la volatilisation, car le feuillage change selon les conditions météo, tout en absorbant une partie de ­l’ammoniac.

« Le pendillard ne fait pas d’incorporation; il fait juste déposer au sol le solide ou le liquide, ajoute le représentant de GEA Canada. Il y a peu ou pas de pertes ammoniacales. Par contre, on a plus de ruissellement (moins d’uniformité des doses) et ça ne prend pas une grosse pente pour se retrouver avec du ruissellement. »

Par ailleurs, l’incorporation dans le sol constitue une méthode efficace pour réduire la volatilisation, car on enfouie la matière fertilisante « sur le champ ». Toutefois, une intégration superficielle (5-10 cm) est supérieure à ­l’injection profonde (plus de 10 cm); ainsi, on dépose l’azote directement sous la surface et on la rend disponible pour la phase initiale de croissance des racines.

Les rampes d’épandage à pendillards déposent le fumier au sol ce qui permet de réduire davantage la volatilisation et occasionne peu ou pas de pertes ammoniacales.
Les rampes d’épandage à pendillards déposent le fumier au sol ce qui permet de réduire davantage la volatilisation et occasionne peu ou pas de pertes ammoniacales.

Laisser des traces

Pour les sols à faible capacité portante, la machinerie risque de laisser après les opérations des ornières profondes ou des flaques persistantes de lisier dû principalement à l’humidité du sol. En revanche, les rampes plus larges couvrent une plus grande surface, ce qui limite le passage de la machinerie et la compaction.

La diminution de la volatilisation de l’ammoniac (NH3) des engrais de ferme permet de réduire les odeurs et les pertes en azote souvent compensées par les fertilisants minéraux. Cette voie favorise le rendement supérieur des prairies. 

Roger Riendeau, collaboration spéciale