Actualités 23 avril 2019

Des économies possibles en retirant certains pesticides

Des producteurs de grandes cultures en Montérégie réussissent à faire des économies d’argent en n’utilisant plus certains pesticides conventionnels, grâce à un projet-pilote du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Mis en marche en 2018, ce projet de trois ans qui regroupe 127 agriculteurs démontre déjà qu’il est possible de diminuer significativement l’usage de pesticides à la ferme, sans toutefois compromettre les rendements. Cela s’inscrit dans l’objectif gouvernemental de diminuer de 25 % les risques reliés aux pesticides pour la santé et l’environnement d’ici 2021.

Les producteurs qui ont accepté d’embarquer dans l’aventure font des essais et des dépistages sur leurs cultures tout en étant encadrés par les services de conseillers du MAPAQ et du réseau Agriconseils. L’agronome Ann-Gabrielle Jutras, conseillère en phytoprotection au MAPAQ de la Montérégie, estime que par ce type d’initiatives, il sera possible de « faire changer les habitudes des producteurs, car ils constatent qu’ils peuvent faire [les choses] autrement ».

C’est le cas de Michel Brouillard, de la Ferme TVL Brouillard, à Saint-Marcel-de-Richelieu. Celui-ci affirme qu’en intégrant le blé en rotation à ses cultures l’automne dernier, il a baissé son indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) de 34 %. Ses semences de blé ne sont pas enrobées d’insecticides. De plus, le blé d’automne étant une culture qui lève tôt au printemps, le producteur n’a pas eu besoin d’arroser. « Ça a été concluant; le rendement est encore là », affirme-t-il dans une vidéo réalisée par le MAPAQ. Il souligne, du même coup, avoir réalisé des économies sur son budget de pesticides.

Retrait de l’atrazine

Pour illustrer l’impact du retrait d’un seul pesticide, Mme Jutras expose le cas d’un producteur qui avait déjà cessé d’employer l’atrazine dans ses cultures de maïs quelques mois avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles concernant cet herbicide, en 2018. En un an, l’agriculteur a réussi à réduire de 26 % son IRPeQ uniquement par cette mesure, rapporte l’agronome.

Ann-Gabrielle Jutras a aussi été témoin du scepticisme d’une autre productrice concernant le retrait de l’atrazine. Après avoir fait des essais au champ, cette dernière s’est rendu compte qu’elle n’avait plus besoin de l’utiliser en permanence, mais plutôt dans des situations spécifiques. 

Qu’est-ce que l’IRPeQ?

L’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) est un outil de diagnostic et d’aide à la décision conçu pour optimiser la gestion des pesticides. Il comprend un volet santé et un volet environnement. Ces deux volets permettent d’établir un diagnostic des risques reliés à l’utilisation des pesticides à différents niveaux, notamment à l’échelle d’une entreprise.

Source: ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

10 points à surveiller pour une bonne gestion des pesticides

  • Tenir un registre des pesticides. Il est possible de créer son registre sur le site web sagepesticides.qc.ca
  • Dépister son champ
  • Cartographier les mauvaises herbes
  • Vérifier l’efficacité des herbicides utilisés
  • Faire la détection de résistance
  • Établir un plan d’action et effectuer la mise à jour avec un agronome
  • Gérer les surplus des pesticides
  • Planifier les rotations de cultures
  • Calibrer le pulvérisateur et assurer son entretien
  • Effectuer le contrôle mécanique des mauvaises herbes, si applicable