Actualités 31 janvier 2020

Cultiver sur billons en cinq étapes

1. Le billonnage – On effectue la confection des billons lors de la saison précédente, en été ou en automne, souvent au dernier désherbage de la culture. Les billons sont aménagés au moyen d’un sarcleur-billonneur. Il s’agit d’un sarcleur lourd sur les dents duquel on ajoute des petits versoirs ou « oreilles », aussi appelés billonneurs.

Les billons peuvent atteindre en moyenne de 20 à 25 cm de haut (jusqu’à 36 cm) et sont généralement espacés de 76 cm. Leur profil est important : cette butte doit se terminer en un sommet arrondi, presque plat.

Le billonnage se fait la plupart du temps pour la saison suivante, au dernier sarclage d’une culture ou après une récolte hâtive. Photo : Gracieuseté du Club Action Billon
Le billonnage se fait la plupart du temps pour la saison suivante, au dernier sarclage d’une culture ou après une récolte hâtive. Photo : Gracieuseté du Club Action Billon

Aux Fermes Longprés, ces dernières années, seul le soya a été cultivé sur billons. Le billonnage se fait au dernier sarclage du maïs-grain, la saison d’avant, « quand celui-ci arrive au genou », explique Matthew Dewavrin. « On passe alors avec des couteaux de 43 cm [17 po] fixés sur les pattes du sarcleur qui déracinent les mauvaises herbes et sont surmontés d’oreilles pour repousser la terre vers le rang, en formant les billons », décrit le jeune agronome et producteur.

De son côté, Jean-François Ridel, président du Club Action Billon, fonctionne de manière similaire. Mais il confectionne aussi les billons de certains champs après la récolte de son blé. Il sème ensuite à la volée, après l’épandage du fumier, un engrais vert de blé de printemps, de moutarde et de radis fourrager qui bénéficiera au maïs de la saison suivante.


2. Le semisLe semis peut être accompagné ou non du « décapage » sur le sommet des billons. On peut soit faire un semis direct sur le dessus du billon, soit « décaper » à cet endroit avec un outil appelé décapeuse ou décapeur, installé sur le semoir. Le décapage enlève les 2 à 5 premiers centimètres du sol ou bien, en régie biologique, les 5 à 10 premiers centimètres. On retire ainsi les résidus de culture et les mauvaises herbes, et on ameublit le sol. Il faut attendre pour cela que les mauvaises herbes soient levées et que le champ soit sec.

Au semis, devant chaque unité du semoir, un décapeur écarte les mauvaises herbes du billon, qui est réchauffé et égoutté à ce moment. Photo : Gracieuseté du Club Action Billon
Au semis, devant chaque unité du semoir, un décapeur écarte les mauvaises herbes du billon, qui est réchauffé et égoutté à ce moment. Photo : Gracieuseté du Club Action Billon

« Nous avons installé à l’arrière du semoir une grande roue à chaque extrémité pour nous guider, mais avec le GPS, ces roues ne sont plus aussi indispensables », précise Matthew Dewavrin.

Aux Fermes Longprés, à cause d’un printemps humide, il est arrivé à trois reprises depuis 26 ans que l’on doive faire un prédécapage. On a alors passé uniquement les décapeurs. Le semis de la culture a suivi, sans décaper de nouveau. « Nous passons parfois la houe rotative “picoteuse” sur les billons après le semis pour les réchauffer », précise Thomas Dewavrin.

Que l’on choisisse le semis direct avec herbicides ou le sarclage mécanique sur billon, on doit quand même découper et tasser les résidus à l’avant de l’unité de semis. D’autre part, ce système convient aussi à l’application d’herbicides en bande au semis, par exemple sur une largeur de 30 cm (ce qui réduit de moitié la facture d’herbicide).


3. Le sarclage et l’engrais – Vient ensuite le temps du sarclage, accompagné de l’incorporation d’engrais. On sarcle à la fois tout près du rang à l’aide de disques déchausseurs et dans l’entre-rang à l’aide des dents du sarcleur lourd additionnées ou non de couteaux placés en V, vers l’avant.

Ainsi, à environ 5 cm de chaque côté du rang, des disques tranchants coupent et repoussent vers l’entre-rang les mauvaises herbes qui auraient repoussé après le décapage au semis. Dans chaque entre-rang, la patte du sarcleur passe à une profondeur de 7 à 10 cm.

Les jeunes plantes de la culture sont protégées par des tôles plates ou en forme de tunnel, ou encore par des roues soleil, comme aux Fermes Longprés. « Ces roues soleil ont aussi l’avantage de renchausser légèrement les rangs », dit Matthew Dewavrin.

À sa ferme, cette étape est souvent séparée en deux dans les billons de soya. Les disques déchausseurs font d’abord leur travail, au stade cotylédon du soya. Ils sont secondés au même moment par les couteaux placés en position inversée (formant un V vers l’arrière) dans l’entre-rang. « Le GPS nous aide à positionner le tracteur, mais notre caméra nous permet de guider le sarcleur avec précision, et cela, à une vitesse de 10 km/h, souligne Matthew. Mais il est important pour ce faire que l’attelage trois-points puisse pivoter sur les côtés. »

Plus tard, quand le soya atteint 10 cm de haut, les Dewavrin repassent avec les dents du sarcleur lourd équipées de couteaux de 53 cm (21 po), cette fois-ci placés en V vers l’avant.

Cette première étape de destruction des mauvaises herbes ameublit la terre et incorpore les résidus. On peut aussi appliquer, en même temps, des engrais organiques (fumiers, compost) ou minéraux et des herbicides en bande.


4. Dernier sarclage et reconstruction des billons – On regroupe à ce moment deux ou trois opérations. Dans le maïs, cette opération a lieu quand il mesure de 37 à 60 cm (15 à 24 po). Le but est de sarcler une dernière fois pour la saison et de refaire les billons pour la saison suivante, tel que décrit à l’étape un, avec les pattes du sarcleur lourd munies des deux petits versoirs, les billonneurs. C’est aussi à cette étape que l’on peut ensemencer l’engrais vert entre les rangs, en intercalaire. On peut également faire un arrosage d’herbicides en bandes. Lors du billonnage, les écrans protecteurs (tôles, tunnels ou roues soleil) sont tout aussi essentiels.

Chez les Dewavrin, seul le soya est cultivé sur billons. Le dernier sarclage de cette culture (réalisé vers la mi-juillet) n’est donc pas doublé d’un billonnage. Il est plutôt effectué seul, avec des couteaux de 53 ou 64 cm (21 ou 25 po) dans l’entre-rang.


5. La récolte – Celle-ci se déroule comme dans tout type de gestion des cultures, à la différence que le matériel de récolte doit être équipé de roues plus étroites et dont l’espacement permet de circuler entre les billons sans les endommager.

« Grâce aux billons, nous sautons cinq opérations par rapport au soya biologique sans billon : les deux coups de cultivateur au printemps, les deux coups de peigne [herse-étrille] et le passage de la picoteuse », constate Thomas Dewavrin.