Économie 30 janvier 2020

Comment diminuer sa facture d’électricité en serre

La facture d’Hydro-Québec serait-elle trop complexe à déchiffrer pour qu’on s’y attarde? Ce serait dommage, car l’optimisation de la gestion de l’électricité permet de réduire de façon non négligeable les coûts associés à ce poste de dépense. Comme le dit si bien l’adage, il n’y a pas de petites économies.

« L’électricité est un peu la bête noire des producteurs en serre, explique Audrey Yank, ingénieure chez Gobeil Dion & Associés, qui donnait une conférence sur ce thème à l’Expo-FIHOQ en novembre dernier. Les tarifs d’électricité sont difficiles à comprendre et puisqu’il s’agit rarement de leur plus grande dépense, ils n’y accordent pas beaucoup d’attention. Pourtant, en adoptant certaines pratiques d’optimisation, il y a moyen d’aller chercher entre 5 et 15 % d’économies. »

Choisir le bon tarif

La première étape consiste à évaluer quel tarif convient le mieux à sa consommation afin d’obtenir le meilleur coût moyen. En effet, plusieurs tarifs d’Hydro-Québec combinent un premier bloc de kilowattheures à un coût donné et un autre coût pour le reste de la consommation. « Chaque production est un cas unique, car il faut prendre en compte la consommation, la puissance requise, la superficie et la durée des besoins », fait valoir Audrey Yank. Pour le savoir, on peut consulter un conseiller pour les clients affaires de la société d’État ou un professionnel de ce domaine.

« Pour plusieurs producteurs saisonniers, démarrer leur production à la fin février ou à la mi-mars va impacter à la hausse la facture d’électricité pour toute l’année. » - Audrey Yank  / Ingénieure
« Pour plusieurs producteurs saisonniers, démarrer leur production à la fin février ou à la mi-mars va impacter à la hausse la facture d’électricité pour toute l’année. » – Audrey Yank / Ingénieure

Réduire la puissance

Une autre façon de diminuer la facture d’électricité est d’optimiser l’utilisation de ses équipements. « On ne le voit pas, mais le démarrage d’appareils nécessite une grande quantité d’énergie, ce qui aura une influence sur la facture, illustre l’ingénieure. L’acquisition de variateurs de vitesse va permettre un démarrage progressif et une atténuation des pointes d’appel de puissance sur le réseau. »

Avoir recours à des équipements efficaces permet également de réduire la puissance requise puisqu’ils offrent un meilleur rendement à pleine charge. Une bonne façon de vérifier si certains équipements sont à changer est de consulter le facteur de puissance affiché sur la facture d’électricité. Ce facteur, qui indique la perte d’électricité sous forme de champs électromagnétiques entre le réseau et les appareils, ne devrait pas être sous la barre des 90 %. Hydro-Québec impose d’ailleurs des pénalités le cas échéant.

Audrey Yank suggère aussi d’optimiser le fonctionnement des équipements, notamment grâce à des systèmes de contrôle tels une minuterie pour le système d’irrigation, un pyranomètre pour l’éclairage ou un détecteur de mouvement pour l’espace bureau.

Décaler sa facturation

L’ingénieure Audrey Yank est responsable de la coordination du service des analyses énergétiques chez Gobeil Dion & Associés. Photo : Gracieuseté
L’ingénieure Audrey Yank est responsable de la coordination du service des analyses énergétiques chez Gobeil Dion & Associés. Photo : Gracieuseté

Autre avenue à considérer : les abonnés inscrits aux tarifs M et DP ont la possibilité de décaler leur période de facturation.

Hydro-Québec considère que sa période critique s’étend du 1er décembre au 31 mars. Pour garantir aux abonnés de ces deux tarifs une certaine puissance pendant l’hiver, la société d’État leur facturera pour le reste de l’année 65 % de la puissance maximale appelée durant cette période, même si leur consommation réelle sera inférieure à ce niveau.

« Pour plusieurs producteurs saisonniers, démarrer leur production à la fin février ou à la mi-mars va impacter à la hausse la facture d’électricité pour toute l’année, fait valoir Audrey Yank. Hydro-Québec permet toutefois de décaler la période de facturation de quelques jours. »

Par exemple, si on planifie de commencer sa production le 15 mars, on peut demander de déplacer sa période de facturation du 14 février au 14 mars.

De cette façon, la consommation correspondant aux deux dernières semaines de mars sera comprise dans la période de facturation du 15 mars au 15 avril. La règle du 65 % ne s’appliquera donc pas.

Bref, les producteurs en serre auraient tout intérêt à passer au peigne fin leur facture d’électricité. L’évaluation de leur consommation pourrait devenir l’occasion de mieux identifier leurs besoins, d’améliorer l’efficacité de leur système et de réduire leurs coûts de production.

David Riendeau, collaboration spéciale