Actualités 2 janvier 2021

Enseignement – L’apprivoisement de la formation à distance

La COVID-19 a chamboulé le secteur agricole des champs jusqu’aux salles de classe, forçant les programmes d’enseignement à s’adapter. Les établissements attendent impatiemment le retour à la normale, mais plusieurs comptent bien conserver les outils développés durant la crise.

S’il était relativement simple de faire migrer en ligne les cours plus théoriques, pour les cours pratiques, il a fallu s’ajuster rapidement afin de respecter les consignes de la santé publique : cours donnés à l’extérieur lorsque possible, nettoyage fréquent des outils et des espaces, port du masque, distance de 2 mètres, etc.

« En mars, l’enjeu était surtout pour les formations finissantes en mécanique agricole et automobile, parce que la pratique ne peut pas se faire en ligne. Mais nous avons pu reprendre après deux semaines d’arrêt et nous avons pu diplômer tous nos élèves comme prévu », note avec soulagement Tina Desmarais, directrice du centre de formation professionnelle CRIFA, à Coaticook.

« On a vraiment été chanceux que notre Ferme école soit considérée comme un laboratoire; ça nous a permis de continuer de recevoir les élèves », indique pour sa part Pierre-Antoine Gilbert, enseignant et coordonnateur du programme de Gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) au Cégep de Victoriaville.

Pour ce qui est des cours en ligne, les conditions étaient loin d’être idéales, précise Normand Poniewiera, directeur de l’Institut national d’agriculture biologique du Cégep de Victoriaville. « Les élèves n’ont pas été pénalisés dans leur avancement, mais dire qu’on a atteint le même standard que d’habitude, c’est une autre paire de manches! On fait de notre mieux, mais on a hâte de revenir en présence », résume-t-il.

Certains établissements plus chanceux étaient déjà habitués aux formations à distance, comme l’Université Laval ou encore le Centre de formation agricole de Saint-Anselme, qui offrent certains programmes entièrement en ligne ou en formule hybride. La COVID-19 a tout de même imposé son lot de défis et de choix difficiles, comme de couper les services de vacherie et de bergerie habituellement offerts au centre de Saint-Anselme.

Pour respecter la distanciation, le Cégep de Victoriaville divisait ses classes en sous-groupes : alors que certains élèves pratiquaient la greffe des plants de tomates, les autres récoltaient les rabioles. Photo : Gracieuseté du Cégep de Victoriaville
Pour respecter la distanciation, le Cégep de Victoriaville divisait ses classes en sous-groupes : alors que certains élèves pratiquaient la greffe des plants de tomates, les autres récoltaient les rabioles. Photo : Gracieuseté du Cégep de Victoriaville

Un changement permanent?

Toutes les institutions ne voient pas la migration vers l’enseignement en ligne comme une adaptation temporaire. Du côté de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), par exemple, on compte continuer d’offrir certaines formations à distance même une fois passée la pandémie. « C’est trop tôt pour dire pour notre formation technique; on n’est pas rendus là… Mais pour la formation continue, oui, on pense qu’on va continuer à distance. C’est une orientation qu’on aimerait poursuivre pour offrir à notre clientèle des formations plus courtes, plus ponctuelles et ciblées », explique Monique Lambert, directrice des études par intérim à l’ITA.

Guy Cayouette, coordonnateur du programme de Gestion et technologies d’entreprise agricole au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, compte lui aussi explorer cette voie, puisque l’expertise est déjà développée. « La nécessité est la mère de l’invention! » rappelle-t-il.

Cependant, pour Pierre-Antoine Gilbert, rien ne peut remplacer le présentiel – autant pour l’enseignant que les étudiants : « Il y a une finesse dans l’enseignement en personne. On peut décoder le groupe, voir les forces et faiblesses… En ligne, on n’a pas accès à ça! Et je comprends l’avantage de la formation à distance, mais dans les domaines techniques, ça prend le feeling d’agriculture. Il faut pouvoir sentir, regarder, toucher, goûter – et tout ça ne se développe pas quand on est devant un écran! » 

Dominique Wolfshagen, collaboration spéciale