Actualités 15 septembre 2020

Des producteurs de fleurs se lancent dans la culture maraîchère d’automne

En réponse à la volonté du gouvernement Legault d’améliorer l’autonomie alimentaire du Québec, l’entreprise Serres Sylvain Cléroux, qui se spécialise en production de fleurs annuelles à Laval et Mirabel, a investi environ 30 000 $ cette année pour adapter dix de ses serres à la culture de fruits et légumes d’automne.

« On a décidé de se lancer, en commençant avec la conversion de dix des 200 serres que nous avons. Si l’expérience est positive, on envisage dans les prochaines années d’augmenter notre capacité à produire des fruits et légumes d’automne », explique Sandrine Gélinas, directrice administrative.

Son entreprise profite de la saison morte en horticulture ornementale, qui s’étend de juin à janvier, pour produire diverses variétés de tomates, de poivrons, de concombres, de melons et de cantaloups qu’elle vend à bas prix à l’organisme Moisson Laval. Les récoltes se termineront en décembre. « On s’est trouvé un client qui prend tous nos produits maraîchers, même les moins beaux. On les vend moins cher que le prix du marché, mais ça nous permet de faire des tests pour une première année et de nous impliquer dans la communauté », poursuit Mme Gélinas, qui estime que son entreprise pourrait éventuellement vendre des fruits et légumes en épicerie, en allant chercher la certification requise. « On produisait des tomates, il y a dix ans, mais on a arrêté. On a des ressources à l’interne qui connaissent la production maraîchère », soutient-elle.

Nicolas Bédard
Nicolas Bédard

Une question de timing

La COVID-19 et le timing qu’il juge excellent ont aussi poussé Nicolas Bédard à adapter deux de ses serres d’horticulture ornementale à la production de melons, de concombres, de tomates et d’aubergines, de juillet à octobre. « C’est la première fois qu’on fait ça. On fait des tests pour voir la réponse du consommateur. Pour l’instant, ça se passe bien », témoigne celui qui commercialise ses produits maraîchers à sa ferme de Québec.

Pour l’instant, il cultive 10 000 pieds carrés de fruits et légumes en serres. « J’ai investi 200 $ ou 300 $ ­seulement. Ce n’est vraiment pas beaucoup. Comme ce ne sont que des essais, j’utilise principalement les mêmes équipements que pour mes fleurs annuelles. Mais si je me lance pour vrai, ça me coûtera certainement des dizaines de milliers de dollars », ajoute celui qui n’écarte pas l’idée de produire des fruits et légumes jusqu’à décembre et d’augmenter la superficie de culture dans les prochaines années.

Pas encore de réseau

En juin, des acteurs du milieu travaillaient à l’implantation dès cet automne d’un réseau de serres en horticulture ornementale appelées en renfort pour la production de fruits et légumes d’automne. Ils craignaient alors que la récolte aux champs ne soit pas suffisante pour alimenter les épiceries. L’implantation d’un tel réseau est toutefois mise sur la glace, le temps que le gouvernement annonce des aides financières en ce sens, car l’adaptation des équipements est coûteuse. « Ça va prendre de l’aide pour inciter les serriculteurs à faire le saut et du temps pour mieux se préparer », explique Claude Laniel, directeur général des Producteurs en serres du Québec.

Une trentaine de producteurs de fleurs, en revanche, ont participé à des formations en ligne, offertes par la fédération cet été, pour apprendre comment converger vers la culture maraîchère. « On ne sait pas combien se lanceront, mais on sait que plusieurs en sont à l’étape de faire des tests », conclut-il.

Expansion aux Serres Royales

À Saint-Jérôme dans les Laurentides, la famille Lemieux bonifiera, dès l’automne 2021, les 650 000 pi2 de tomates actuellement en culture aux Serres Royales d’un nouveau complexe de 3 ha. L’investissement de 20 M$ permettra la culture de tomates cerises, de tomates raisins et de tomates sur vignes, dont la production sera disponible douze mois par année. Le nouveau système de serres semi-fermées réduira les impacts écologiques de la production et permettra des économies énergétiques, ce qui favorisera une croissance de 50 % de la production d’ici août 2021. La famille Lemieux envisage également d’augmenter les superficies de tomates biologiques en culture en bâtissant trois hectares supplémentaires en 2022.