Bien-être animal 7 février 2023

Biosécurité et bien-être durant le transport des veaux laitiers 

À ce jour, au Québec, aucune étude ne s’était intéressée spécifiquement aux conditions de transport des veaux laitiers. Les secteurs bovins de réforme et veaux laitiers, veau de grain et veau de lait ont uni leurs efforts pour faire une étude portant sur la biosécurité et le bien-être durant les activités de transport des veaux laitiers.

Le projet a réuni les expertises du Centre de développement du porc (CDPQ) et de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV). 

QU’ONT-ILS FAIT?

Audits en biosécurité chez les transporteurs
Vingt-cinq entreprises de transport ont été contactées et douze ont accepté de participer à un audit. Au total, 13 audits ont été réalisés puisqu’une entreprise a refait un audit à la fin du projet. 

Veaux vendus aux encans et questionnaire aux producteurs laitiers
Ce sont 3 656 veaux qui ont été évalués à l’encan lors de leur arrivée. De ce nombre, 71 % étaient de race Holstein, 25 % issus de croisement et 4 % d’autres races.

Un total de 509 producteurs de lait ayant vendu au moins un veau pendant la période de l’étude ont été contactés afin de remplir un questionnaire; 435 ont accepté de répondre aux questions et 433 questionnaires ont été retenus pour analyse. 

Circuit de transport de la ferme laitière à l’encan
Trente transports différents ont été évalués. Vingt-quatre provenaient de transporteurs commerciaux et six de fermes laitières. Un total de 268 veaux ont été examinés avant leur départ de 123 fermes.

Circuit de transport entre l’encan et la ferme de veaux lourds et circuit de transport entre la ferme de veaux lourds et l’abattoir

Au total, 38 suivis de transports ont été réalisés :

  • 26 suivis de veaux de lait (68 % des suivis) :
  • 18 suivis de l’encan à la ferme de veaux de lait,
  • 8 suivis de la ferme de veaux de lait à l’abattoir;
  • 12 suivis de veaux de grain (32 % des suivis) :
  • 4 suivis de l’encan à la ferme de veaux de grain,
  • 8 suivis de la ferme à l’abattoir.
Veaux laitiers sortant d’un camion à l’encan.
Veaux laitiers sortant d’un camion à l’encan.

Pendant ces suivis, 1 826 veaux laitiers et 948 veaux lourds ont été observés. Le suivi des transports a été réalisé pendant les quatre saisons.

Suivis du premier mois d’élevage
Une évaluation des conditions cliniques des veaux à l’arrivée en ferme de veaux lourds a été complétée pour quatre transports différents pour 448 veaux. 

QU’ONT-ILS APPRIS?

Les principaux résultats indiquent que :

  • L’âge des veaux transportés variait de 2 à 38 jours pour une médiane de 10 jours;
  • Le nombre de veaux transportés par voyage était de 9 (médiane) avec un écart de 2 à 24 veaux;
  • La distance moyenne de la ferme à l’encan est de 95 km (médiane) :

Temps médian de transport de deux heures et quart,
Pour 75 % des veaux, le transport est de plus ou moins trois heures et quart et la distance de 149 km,
Il y a 5 arrêts (médiane), mais cela peut varier de 0 à 17;

Sur les 3 656 veaux évalués à l’encan : 

  • 42 % avaient un cordon ombilical, dont 17 % présentaient une enflure,
  • Un veau sur dix avait au moins un signe de déshydratation;

Parmi les 433 questionnaires administrés et portant sur 918 veaux vendus :

  • Neuf fermes sur dix ont une régie identique du colostrum pour les veaux laitiers mâles et les veaux laitiers de remplacement, 
  • Près de 9 fermes sur 10 font appel à un transporteur et seule 1 ferme sur 5 connaît approximativement l’heure d’arrivée, 
  • Dans 8 fermes sur 10, les veaux reçoivent leur repas dans les 3 h précédant le transport;

Au cours de la journée de vente, des changements concernant l’hydratation des veaux sont notés et indiquent une détérioration de leur état;

L’intervalle alimentation-eau-repos des veaux suivis dans le projet dépasse le délai réglementaire.

Veaux laitiers à l’intérieur d’un camion.
Veaux laitiers à l’intérieur d’un camion.

Audits en biosécurité chez les transporteurs et observations à l’encan ou dans les fermes laitières

L’audit a permis de constater que la majorité des camionneurs ne changent pas leurs bottes et leurs vêtements lorsqu’ils arrivent sur un lieu pour charger ou décharger des animaux, qu’ils circulent dans les différents bâtiments et manipulent les animaux lors du chargement et du déchargement et qu’ils n’entreposent pas les vêtements souillés dans un bac lavable ou un sac jetable pour éviter de contaminer la cabine du camion. 

Voici quelques-unes des recommandations soulevées par les équipes de recherche concernant les pratiques de biosécurité des transporteurs :

  • Les véhicules (camions et remorques) devraient être propres lorsqu’ils commencent un circuit de collecte de veaux; 
  • Le camionneur ne devrait jamais entrer dans les bâtiments des fermes de production, surtout si son véhicule n’est pas propre ou encore lorsque les animaux de la ferme sont malades et que le camionneur poursuit sa route pour déposer des animaux dans une autre ferme. En effet, il est important de considérer que le camionneur pourrait transmettre le problème de la ferme A à la ferme B; 
  • Les producteurs laitiers devraient déplacer eux-mêmes les animaux proches du camion ou les garder à proximité des portes d’accès; 
  • Les camionneurs devraient changer leurs bottes et leurs vêtements lorsqu’ils chargent ou déchargent des animaux. 

Alors, qu’est-ce que cela signifie pour le secteur?

Les données recueillies serviront à la réalisation de projets liés à la qualité des veaux laitiers, tel que le projet POD actuellement en cours, et à la rédaction de messages aux producteurs de lait. L’idée étant que les veaux laitiers soient aptes au transport et arrivent mieux disposés dans les fermes de veaux lourds.

Ce portrait plus complet donnera des informations utiles pour développer un programme de biosécurité dans les secteurs veaux laitiers, veau de lait et veau de grain. Par ailleurs, la grille d’audit en biosécurité dans le transport pourrait être déployée auprès des transporteurs. Toutefois, le défi consiste à rejoindre cette clientèle. 

Ce projet a été financé par le Programme de transition de La Financière agricole du Québec et par le Programme de développement sectoriel du MAPAQ.

Nathalie Côté, agronome / Directrice des affaires agronomiques, Producteurs de bovins du Québec


Cet article a été publié dans le cahier spécial Bovins du Québec de février 2023