Bio 21 mai 2021

Semences biologiques : un marché en croissance

Tout comme les paniers de légumes bio, dont la popularité ne se dément pas auprès des consommateurs, le marché des semences biologiques est lui aussi en croissance et appelé à se développer au cours des prochaines années.

Avec Semences du Portage (Yves Gagnon), La société des plantes (Patrice Fortier) ou Les Jardins de l’Écoumène, la Ferme Coopérative Tourne-Sol est un des pionniers de ce secteur. « La ferme a été fondée en 2005, mais j’ai commencé à produire des semences biologiques environ cinq ans auparavant », explique Daniel Brisebois, un des membres fondateurs de l’entreprise.

Sur une superficie d’un acre [0,4 hectares] à Les Cèdres, à l’ouest de Montréal, environ 200 variétés de légumes, fines herbes et fleurs sont plantées en vue de recueillir quelques semaines plus tard les précieuses semences arrivées à maturité. « On planifie de passer à cinq acres [2,02 hectares] dans le futur », poursuit l’agriculteur bio, qui produit environ 70 % de ses semences certifiées Écocert Canada, les autres étant achetées chez d’autres fermiers locaux ou de l’extérieur de la région.

Cet aspect « local » est important pour Daniel Brisebois, car il garantit aux clients que les semences sont aptes à croître sous notre climat. « Ce qui n’est pas toujours le cas quand tu achètes des sachets Stokes ou McKenzie chez Canadian Tire », fait-il remarquer.

La Ferme Coopérative Tourne-Sol produit environ 200 types de variétés différentes, majoritairement des légumes, mais aussi des fleurs et des fines herbes. Photo : Gracieuseté de la Ferme Coopérative Tourne-Sol
La Ferme Coopérative Tourne-Sol produit environ 200 types de variétés différentes, majoritairement des légumes, mais aussi des fleurs et des fines herbes. Photo : Gracieuseté de la Ferme Coopérative Tourne-Sol

Le défi de la variété

Comme la ferme fonctionne sur une superficie relativement restreinte, les membres de la coopérative doivent user de stratégie pour pouvoir produire un volume intéressant et varié de semences. « Nous faisons des rotations aux deux ou trois ans. Ça nous permet d’avoir plus de variétés et lorsqu’on travaille pendant la saison avec des espèces de la même famille, on s’assure de bien les isoler les unes des autres afin qu’il n’y ait pas de croisement dans la pollinisation », explique le semencier.

En travaillant en pollinisation libre, c’est-à-dire sans intervention humaine, Daniel Brisebois s’assure également que chaque futur plant hérite des mêmes caractéristiques que la plante mère.

Comme les semences sont quelquefois infiniment petites, leur récolte se fait encore majoritairement à la main. « Si on le ramène au kilo, le prix qu’on vend est quand même intéressant et peut être rentable même quand la récolte est faite manuellement », affirme-t-il. Un sachet de semences biologiques Tourne-Sol de 15 g se vend par exemple au coût de 3,50 $.

La principale clientèle de la Ferme Coopérative Tourne-Sol demeure les particuliers plus que les maraîchers. « Avec la COVID, il y a plein de jardiniers amateurs qui ont acheté leurs semences en ligne ailleurs au Canada ou aux États-Unis. Dans ce contexte, je crois qu’il y a une place à prendre pour les semenciers en région comme nous qui offrent un produit qui affiche un très haut taux de germination », souligne l’agriculteur.

Même les gros joueurs s’y intéressent

Depuis 2015, Norseco publie un catalogue exclusivement pour ses semences biologiques. Photo : Gracieuseté de Norseco
Depuis 2015, Norseco publie un catalogue exclusivement pour ses semences biologiques. Photo : Gracieuseté de Norseco

Un des plus importants distributeurs de semences au Canada, Norseco, développe lui aussi le marché biologique. « Les ventes augmentent d’année en année », confirme Christine Ruckstuhl, agronome et responsable des achats de semences pour l’entreprise bien connue par les jardiniers amateurs pour son catalogue W.H. Perron. 

En 2015, Norseco innovait en publiant le premier catalogue entièrement consacré aux semaines maraîchères biologiques et non traitées. Pour l’instant, son offre est répartie sur environ 150 variétés différentes. « Le défi dans le marché bio, c’est qu’on a pour l’instant moins de choix entre une même variété par exemple comparé aux graines conventionnelles. Mais de ce côté-là aussi, ça tend à s’améliorer avec les années », poursuit Christine Ruckstuhl.

Contrairement à la Ferme Coopérative Tourne-Sol, Norseco ne produit pas ses propres plants et s’approvisionne auprès de fournisseurs en Amérique du Nord et en Europe pour ses graines biologiques. « Mais ces semences sont toujours testées sur des terres au Québec et en Ontario afin de nous assurer qu’elles sont en mesure de pousser chez nous. Et c’est avec les conditions réelles des producteurs et non pas dans un environnement contrôlé », conclut l’agronome. 

Bernard Lepage, collaboration spéciale