Bio 3 avril 2017

Produire du vin avec des cornes de bœuf

FARNHAM — Au-delà de la certification biologique, il existe l’agriculture biodynamique. Vous connaissez? À Farnham, les propriétaires du vignoble Les Pervenches en sont des adeptes.

« Lorsque nous avons débuté comme vignerons en 2000, nous étions sous régie conventionnelle. Des propriétaires de restaurants ultrabranchés et des connaisseurs de vins qui ont voyagé nous disaient : “Avez-vous goûté à ça? Avez-vous pensé à la biodynamie?“ » raconte Michael Marler, copropriétaire du vignoble. Début 2004, ils ont amorcé la transition.

Les cornes de bœuf

Évidemment, les gens peuvent douter du sérieux de la biodynamie qui mise entre autres sur le calendrier lunaire et un genre d’homéopathie. De fait, les producteurs certifiés en biodynamie doivent employé des préparats. Il s’agit essentiellement d’une forme d’homéopathie appliquée aux plantes. Au vignoble Les Pervenches, l’un des préparats employés est constitué de bouse de bovins insérée dans des cornes, lesquelles sont enterrées pour fermenter durant tout l’hiver. Au printemps, ces cornes sont plongées dans un bassin d’eau que l’agriculteur agite et mélange à une plus grande quantité d’eau, qui sert ensuite à arroser tout le vignoble. Cette préparation aide à édifier la structure du sol et à en activer la vie microbienne. Dans la même lignée, l’entreprise effectue des applications foliaires avec de la poudre de silice, « qui augmente le lien entre le ciel [la lumière] et les feuilles », explique Véronique Hupin.

Des hurluberlus?

N’allons pas croire que les deux propriétaires du vignoble sont des hurluberlus. Ils sont très sérieux dans leur production et certains de leurs vins sont prisés. Mais comment voient-ils la biodynamie? « Nous savons que la théorie derrière l’agriculture biodynamique n’est pas prouvée scientifiquement. Sauf qu’en Italie et en France, il y a des producteurs spécialisés en biodynamie, qui se démarquent avec des vins très réputés. La biodynamie amène définitivement le vigneron à s’occuper de la santé de ses sols et par ricochet, à produire du meilleur raisin. À part le travail supplémentaire, il n’y a pas de côté négatif à la biodynamie. C’est juste un bonus, même pour le consommateur », explique M. Marler.

D’ailleurs, les propriétaires estiment que les clients n’achètent pas leurs bouteilles parce qu’elles proviennent d’une culture biodynamique. Mais d’un point de vue gustatif, M. Marler souligne que cette dernière confère au vin certains avantages, faisant notamment référence à la touche saline du produit. « En travaillant la vie microbienne du sol et en augmentant le taux de mycorhizes sur les racines, nous accroissons l’apport en phosphate, qui donne notamment au vin son côté minéral. »