Bio 26 juin 2017

« On ne fournit pas à la demande » – Richard Fournier, Forêt y goûter

La récolte des champignons forestiers s’amorce dans quelques jours, au grand plaisir des cueilleurs qui connaissent un engouement majeur pour ces produits.

« Chanterelles, bolets, champignons crabes… C’est simple, on ne fournit pas à la demande! » dit Richard Fournier, de Forêt y goûter. La popularité des champignons forestiers est telle que l’entreprise située près de Shawinigan double chaque année ses volumes récoltés, qui ont atteint environ trois tonnes l’an dernier, selon M. Fournier.

« Les champignons forestiers sont tellement recherchés que nous pourrions en importer un plein conteneur et l’écouler sans problème. Mais ce n’est pas notre façon de faire; tout ce que nous vendons vient du Québec », précise-t-il.

Patrick Lupien, le coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie, confirme que le marché est en hausse. L’offre et la demande ont plus que doublé depuis deux ans, estime-t-il. Même son de cloche provenant d’un pionnier des champignons forestiers, Gérald Le Gal, de l’entreprise Gourmet sauvage. « La demande a beaucoup augmenté. Les gens mettent de plus en plus de champignons sauvages dans leurs recettes. D’ailleurs, on en retrouve maintenant, frais ou séchés, dans les magasins à grande surface », dit celui qui œuvre dans ce domaine depuis 24 ans. Il assure que l’industrie des champignons forestiers a encore beaucoup de potentiel de croissance au Québec. « On n’exploite qu’une fraction de tout ce qu’on peut faire. Le territoire est vaste et certaines régions sont éloignées. Si l’on veut développer davantage cette industrie, il faudra investir dans de petites usines de conditionnement et de transformation », fait-il remarquer.

Encadrer la manipulation des champignons

En raison de l’engouement accru pour les champignons forestiers, il importe aussi d’en encadrer la manipulation et la vente, un projet que la Filière mycologique de la Mauricie met en place cette année grâce au soutien financer des deux paliers de gouvernement. Celle-ci vient de recevoir une aide de près de 60 000 $, dont 33 900 $ destinés à déployer un système de qualité, de salubrité, de sécurité et de traçabilité des champignons forestiers. « Les gens du milieu vont établir des règles qui assureront aux gens que les champignons qu’ils consomment sont sécuritaires et de qualité, autant ceux du restaurant que ceux de l’épicerie », indique l’ingénieur forestier Patrick Lupien.

En cas de problème, le système de traçabilité permettra aussi de rappeler les lots de champignons concernés. Ce système de contrôle de la qualité sera en place en Mauricie pour la saison 2018. Il pourrait ensuite servir de référence dans les autres régions du Québec.

Cahier des charges

L’Association pour la commercialisation des produits forestiers non ligneux a par ailleurs développé un cahier des charges volontaire portant sur la cueillette et la manipulation des champignons sauvages. Toutes les copies ont déjà trouvées preneurs. Une deuxième édition arrivera cet automne.

« J’espère que ces différentes mesures pourront éliminer une partie des risques associés à la commercialisation des champignons forestiers et qu’elles mettront hors d’état de nuire les cueilleurs du dimanche qui en vendent aux restaurants sans posséder toutes les compétences nécessaires », lance Gérald Le Gal. De surcroît, le propriétaire de l’entreprise Gourmet sauvage affirme qu’un meilleur encadrement pourrait mieux positionner les champignons forestiers québécois. De plus, il mentionne que beaucoup de ceux qui sont offerts au Québec proviennent actuellement de l’Europe de l’Est, de l’Asie et de la côte ouest du Canada et des États-Unis.