Actualités 10 juillet 2018

Un ancien « gros » se vide le cœur

MONTFORT — Dans la campagne du Wisconsin, la ferme familiale constitue une espèce en voie de disparition.

Le producteur laitier Jerry Volence possède 320 vaches en lactation. « À 320 vaches, j’ai toujours été perçu comme un gros producteur. Maintenant, je me sens comme un gentleman-farmer », plaisante l’agriculteur. Lorsque Jerry était tout petit, son père tirait 50 vaches. Quelques années plus tard, lorsque le jeune homme est sorti du collège, le cheptel comptait 100 vaches en lactation. Jerry a graduellement accéléré la cadence jusqu’à dépasser le cap des 300. « Je n’ai pas le désir ni les terres pour augmenter davantage », assure-t-il.

Au cours des dernières années, il a vu disparaître les petits élevages du paysage du Wisconsin, vite remplacés par des fermes de 1 000, 5 000, voire 10 000 têtes! Autour de lui, l’avènement de ces « Concentrated Animal Feeding Operations », ou CAFO, inquiète. En vertu des règles environnementales, ces entreprises qui comptent plus de 1 000 unités animales doivent obtenir un permis spécial.

Intégration

Selon Jerry, l’arrivée de ces mastodontes laitiers signe la fin des fermes familiales. « Les CAFO ne peuvent pas être transférées à la relève. Elles doivent recruter des investisseurs », explique l’éleveur. Ce dernier voit donc poindre l’intégration verticale dans la production laitière. « Nous sommes en train de faire comme l’industrie porcine : les entreprises deviennent de plus en plus grosses, elles inondent le marché et flushent les plus petits. C’est ce qui est en train de se passer dans le lait », croit Jerry. Il cite d’ailleurs l’exemple du géant Walmart, qui vient d’inaugurer sa propre usine laitière en Indiana.

Le spectre de l’intégration plane aussi autour des transformateurs Nasonville Dairy et Grassland. Propriété de la famille Wüthrich, des producteurs de lait, Grassland a laissé tomber une soixantaine de fermes au printemps 2017 à la suite de la perte du marché canadien pour son lait diafiltré. Toutefois, plusieurs observateurs estiment que les Wüthrich auraient pu diminuer la production de leurs propres élevages plutôt que de pénaliser de petites fermes « indépendantes ». Dans un reportage de la chaîne Fox, les Wüthrich réfutaient ces accusations. Ils admettaient cependant avoir été en contact avec le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, et d’autres membres de l’administration Trump afin de « régler les problèmes » avec la gestion de l’offre du Canada.

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