Alimentation 26 août 2014

Vendre plus de Québec sur ses tablettes : un test pour Metro

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Il y a près d’un an, en mai 2013, Metro en a étonné plusieurs en lançant ce qu’elle a qualifié de « politique d’achat local ».

Certains y ont vu un geste opportuniste, étant donné que le gouvernement Marois s’apprêtait à dévoiler en grande pompe sa politique de souveraineté alimentaire. Six mois plus tard, la chaîne de distribution est passée à l’action. Mais sans trop faire de bruit.

Metro venait alors de cibler la région de Lanaudière pour tester sa politique, dans le cadre d’un projet pilote visant à encourager des petits fournisseurs régionaux souhaitant vendre leurs produits dans quelques magasins de la bannière.

La démarche était sérieuse. Elle consistait à identifier une douzaine de fournisseurs de Rawdon, de Saint-Jean-de-Matha, ou encore de Repentigny, avec le concours du Conseil de développement bioalimentaire de Lanaudière.

Au final, ce sont 75 nouveaux produits de Lanaudière qui se sont frayé un chemin dans 4 magasins Metro – ceux de L’Épiphanie, de Joliette, de Charlemagne et de Terrebonne – et 2 Super C, situés à Joliette et à Saint-Lin-des-Laurentides.

Il est question, ici, de produits spécialisés, que ce soit de la sauce à spaghetti à la viande de bison, de la farine de lin biologique, de la garniture pour tarte au sucre, du caramel ou de la gelée de cerises de terre.

Et pour s’assurer que les consommateurs les repèrent facilement, un affichage autour de la thématique Goûtez Lanaudière a été conçu par les initiateurs de cette campagne à saveur régionale.

« Nous sommes ravis de l’initiative de Metro de mettre de l’avant les produits lanaudois dans le cadre de ce projet pilote », avait alors déclaré Annette Coutu, présidente du Conseil de développement bioalimentaire de Lanaudière.

De son côté, Metro avait dit vouloir ouvrir les portes de ses magasins afin de leur offrir « une vitrine de choix pour les produits régionaux », comme l’avait évoqué Marie-Claude Bacon, directrice principale, Service des affaires corporatives chez Metro.

Un coup de pouce

Quatre mois se sont écoulés depuis que les premiers présentoirs de produits régionaux ont été installés dans les Metro et Super C participants.

Les consommateurs sont-ils tombés sous le charme? L’expérience donne-t-elle des résultats probants?

« Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions, répond Jacques Leclerc, propriétaire franchisé du magasin Metro, boulevard Moody, à Terrebonne, tandis qu’il nous fait faire le tour du… propriétaire. Il faut s’ajuster. On expérimente une nouvelle relation commerciale avec des petits fournisseurs pour qui c’est une première incursion dans un marché d’alimentation de grande taille. »

Il ajoute : « Ces fournisseurs veulent savoir si leurs produits se vendent bien. Ils sont très enthousiastes. Mais ils ne sont pas tous au courant des obligations que comporte la mise en marché de produits dans nos magasins. Il faut leur rappeler, par exemple, qu’ils doivent respecter les dates de péremption, sans parler des codes à barres sur les emballages. »

Jacques Leclerc a le sentiment « d’accompagner » les petits fournisseurs dans ce projet expérimental. Et il aimerait bien en voir quelques-uns émerger, au terme de cette expérience.

« Qui sait si un jour l’un d’eux ne marchera pas sur les traces de Première Moisson?, soulève-t-il. Il y a un début à tout. »

Mais avant de gravir la prochaine marche, ces fournisseurs devront faire la démonstration qu’ils ont vu juste avec leurs produits. L’enjeu fondamental demeure le rapport qualité-prix.

« Nous nous prenons des marges [de profit] de plus ou moins 20 %. C’est raisonnable », dit le propriétaire du Metro de Terrebonne.

Il ne cache pas que ces 75 produits ne constituent qu’un « grain de sel » comparativement aux 20 000 autres que l’on retrouve sur les tablettes et les comptoirs réfrigérés du magasin.

Dans son marché d’alimentation, une grande affiche annonce les couleurs régionales, au-dessus d’un présentoir où trônent les produits locaux.

« On fait des tests de positionnement pour voir comment les consommateurs vont les trouver, et les mettre dans leur panier, dit-il. Parce qu’il s’agit de nouveaux produits, qu’on peut considérer un peu plus haut de gamme, sensiblement plus chers que des produits de grande consommation. Nous évoluons dans un espace nouveau, du point de vue de la commercialisation. »

L’épicier de métier – il a débuté à l’âge de 15 ans chez Steinberg; il en a 55 – est persuadé que les consommateurs sont prêts à manger davantage de produits locaux. « Il y a un marché et on pourrait sans doute offrir davantage de fruits et de légumes, surtout en saison », analyse-t-il.

Après Lanaudière…

Mentionnons, par ailleurs, qu’un deuxième projet pilote est sur le point d’être lancé dans la région de Chaudière-Appalaches, cette fois. Un troisième projet verra le jour un peu plus tard dans le Centre-du-Québec.