Alimentation 5 juin 2019

Un complexe de serres sur toit plus grand que Lufa

Dans quelques années, la région de la Capitale-Nationale n’aura rien à envier à Montréal en matière d’agriculture urbaine. En effet, d’ici 2023, un partenariat entre le Groupe Dallaire et l’entreprise Du toit à la table pourrait permettre à la région de bénéficier d’un parc de serres sur toits beaucoup plus grand que celui des serres Lufa.

« Quand j’ai dit [à M. Dallaire] qu’en faisant une serre sur un des bâtiments du parc industriel, on accoterait la production des serres Lufa, il a dit qu’il allait embarquer dans le projet pour nous aider à le réaliser », a indiqué le copropriétaire de l’entreprise Du toit à la table, François St-Pierre.

Lufa cultive actuellement 1,28 hectare dans les trois serres de Montréal et de Laval. À terme, la construction de l’Espace d’innovation Chauveau par le promoteur immobilier Groupe Dallaire, à Loretteville, offrira une superficie cultivable de 7 hectares sur toits. « Les bâtiments sont tellement grands qu’on accoterait la production des trois serres de Lufa, parce que ceux du parc industriel font pratiquement un hectare chacun », poursuit M. St-Pierre. Rappelons que Lufa produit ses légumes à Montréal, mais livre ses paniers jusqu’à Québec et Ottawa.

Un potentiel intéressant qui n’arrivera que dans un second temps pour le producteur, car une fois les bâtiments construits, celui-ci cultivera ses potagers à ciel ouvert. Les travaux débuteront cet été et l’entreprise maraîchère fera croître sa superficie en culture de 2,5 à 3 hectares par année jusqu’en 2022. La culture en serre pourrait débuter dès 2023.

Joannie St-Pierre et son frère François cultivent sur des toits depuis trois ans. Photos : gracieuseté de François St-Pierre
Joannie St-Pierre et son frère François cultivent sur des toits depuis trois ans. Photos : gracieuseté de François St-Pierre

Rendement et approvisionnement

En se basant sur les chiffres de la dernière année, François St-Pierre pense pouvoir atteindre un rendement de 30 tonnes de légumes à l’hectare dans ce mégaprojet. « C’est très productif », confirme-t-il. La culture en pots permet d’allonger la saison puisque ceux-ci bénéficient de la chaleur émise par le bâtiment, ce qui permet d’éviter certains gels tardifs du printemps et hâtifs de l’automne.

Si les récoltes des dernières années ont permis d’alimenter la population grâce à des paniers et de vendre les surplus aux employés des immeubles sur lesquels poussent les légumes, l’objectif premier de ce nouveau projet sera d’approvisionner les cafétérias de ces bâtiments. « C’est certain qu’avec de grandes superficies, c’est surtout des entrepôts qu’il y a en dessous, donc il n’y a pas une densité d’employés aussi élevée que dans les jardins qu’on a en ce moment », nuance-t-il. M. St-Pierre sait qu’il devra faire de la promotion pour écouler ses produits, mais peut-être ce travail sera-t-il plus simple que prévu. Au moment de l’entrevue, l’homme venait de discuter avec le chef cuisinier du service de restauration d’un des bâtiments qu’il approvisionne (Sodexo) et qui gère aussi la cafétéria du centre de distribution Simons situé à proximité du nouveau parc industriel. Gageons qu’avec les tendances de consommation locale, l’entreprise n’aura pas trop de difficulté à trouver preneur pour ses produits.