Alimentation 8 mai 2017

Le sirop d’érable désormais conforme à la culture juive

Le sirop d’érable, symbole du folklore québécois, est désormais conforme aux lois du judaïsme. En effet, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) a conclu une entente avec le certificateur MK afin que sa réserve stratégique d’environ 81 millions de livres de sirop d’érable soit désormais certifiée cachère.

« Le rabbin est passé certifier l’entrepôt et l’usine de pasteurisation. Des acheteurs nous demandaient cette certification, maintenant on l’a », explique Caroline Cyr, porte-parole de la Fédération.

Fini la couenne de lard

Cette certification ne représente pas un gros problème pour les producteurs, assure Mme Cyr. « Il suffit principalement pour eux d’employer un antimousse certifié cachère et surtout de ne pas utiliser de gras animal [la fameuse couenne de lard]. »

La Fédération demande aux 7 300 acériculteurs québécois de signer une déclaration à cet effet, stipulant qu’ils s’engagent à se servir d’un antimousse certifié cachère. De plus, ils ne doivent employer aucun produit allergène (arachides, lait, œufs) dans la confection du sirop. Une cinquante de producteurs ont toutefois refusé de signer cette déclaration, indique Simon Trépanier, directeur de la Fédération. Il précise que les sirops provenant d’acériculteurs qui n’ont pas voulu signer sont analysés pour détecter les allergènes. La présence de gras animal n’est cependant pas vérifiée.

La certification cachère est gérée par la communauté juive et un rabbin qui en est responsable a déjà visité une quinzaine d’érablières au hasard cette année, mais la conformité des 7 300 producteurs ne sera pas vérifiée systématiquement.

Les grands acheteurs déjà certifiés

Deux acheteurs d’or blond d’importance, la coopérative Citadelle et Les industries Bernard & Fils, offrent depuis un moment des produits de l’érable certifiés cachères. « Tous nos volumes de sirop biologiques et conventionnels sont cachers. C’est plus facile quand tout est conforme et uniforme », fait remarquer Jean-Marie Chouinard, secrétaire général de Citadelle.

Martin Bernard mentionne pour sa part que le marché nord-américain et celui d’Israël, qui requiert d’importants volumes de produits de l’érable, demandent la certification cachère.

La question qui chicote plusieurs consommateurs : est-ce que le prix du sirop d’érable augmente lorsqu’il est certifié cachère? « Non. Le coût associé à cette certification est très faible. On l’absorbe, de sorte que le prix reste le même », assure M. Bernard. Par ailleurs, le copropriétaire des Industries Bernard & Fils ne croit pas que les consommateurs qui adhèrent à une autre religion pourraient bouder ses produits parce qu’ils sont certifiés cachères.

De son côté, la Fédération n’a pas voulu révéler le montant associé à la certification de sa réserve stratégique d’environ 81 millions de livres de sirop.

Chez le certificateur cachère MK, basé à Montréal, Chaya Eigner mentionne que la certification commande habituellement un déboursé de 1 200 $ à 5 000 $ par année. Des frais supplémentaires peuvent s’ajouter selon la distance, la complexité de la production et le nombre de visites du rabbin.

Qu’est-ce que la certification cachère?

La certification cachère provient des lois judaïques qui régissent l’alimentation, lesquelles tirent leur origine de la Bible, nous dit Chaya Eigner, certificateur cachère MK.

« Des gens pensent que pour être cachères, les aliments doivent être bénis par un rabbin. Mais c’est faux », spécifie-t-elle. Pour qu’un aliment soit certifié, tous ses ingrédients doivent être cachères et les étapes de production doivent également être certifiées. Certains fruits et légumes (dans leur état de récolte) sont dès le départ acceptés comme cachères. Les denrées d’origine animale doivent respecter un rite d’abattage. Les produits carnés et laitiers, même certifiés, ne peuvent être préparés ensemble. Cela impose certaines contraintes pour les transformateurs alimentaires. Par exemple, les camions-citernes doivent être lavés par un organisme certifié cachère avant de transporter du liquide.

Selon l’organisme de certification MK, la communauté juive représente moins de 2 % de la population d’Amérique du Nord et pourtant, plus de 40 % des aliments et des boissons conditionnés en 2016 portent un label cachère. Au cours des 25 dernières années, l’alimentation cachère s’est développée et constitue aujourd’hui une industrie de 12,5 G$.