Alimentation 28 août 2014

Québec doit promouvoir la souveraineté alimentaire

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La Coalition pour la souveraineté alimentaire propose à l’État d’être au cœur d’un contrat national alimentaire entre les consommateurs et les agriculteurs.

La future politique bioalimentaire du Québec doit « encadrer le marché, pas le couronner », a fait valoir la Coalition pour la souveraineté alimentaire devant la CAPERN, le 19 janvier dernier, à Québec. La Coalition y a soutenu que « mettre toute l’emphase sur la quête de distinction des produits, tel que proposé dans le livre vert, ne fera qu’exacerber l’alimentation et l’agriculture à deux ou trois vitesses déjà observables ». À ses yeux, c’est « un traitement marchand qui n’est pas à la hauteur des enjeux fondamentaux posés par l’alimentation et le développement régional ».

La Coalition propose plutôt à l’État d’être au cœur d’un contrat national alimentaire entre les consommateurs et les agriculteurs qui produisent les aliments (viande, fruits, légumes, œufs, produits laitiers, etc.), garantissant une alimentation de base, saine et universelle. La création d’un secrétariat à la singularité et à la souveraineté alimentaire va aussi de soi.

L’alimentation est un besoin fondamental, rappelle la Coalition. Or, les désordres alimentaires observés, dont la coexistence d’un milliard d’affamés sur la planète avec un gaspillage éhonté de denrées et la surcharge pondérale, appellent à un contrôle du capitalisme alimentaire et à une plus grande implication de l’État pour assurer ce service public qu’est l’alimentation. Autres désordres : les économies d’échelle réalisées par des exploitations agricoles de plus en plus multinationales ne se répercutent pas jusqu’aux consommateurs et la logique marchande fait d’énormes dommages à l’économie régionale. Sans l’autorégulation mise en place par les producteurs de lait, le Québec n’aurait besoin que de 350 fermes de la taille de celles de l’Ouest américain, au lieu des 6400 actuelles réparties sur tout le territoire, a illustré la Coalition.

La Coalition soulève que « Donner le goût du Québec » va à l’encontre de la vision de l’Organisation mondiale de la santé, qui estime que l’offre alimentaire, et non le choix individuel, est déterminante dans l’atteinte d’une saine alimentation. « Le MAPAQ table au contraire sur le choix individuel comme principal moteur de sa vision de politique bioalimentaire du Québec », avec le produit alimentaire comme pierre angulaire.
Créée en 2008, la Coalition regroupe plus de 80 organisations du Québec et du Canada ainsi que des experts. Elle a profité de sa comparution pour déposer la « Lettre alimentaire citoyenne » envoyée par plus de 12 000 citoyens aux parlementaires.