Alimentation 8 juin 2017

Des nématodes bénéfiques pour les fraises

C’est à l’été 2008 que tout a failli basculer pour Mario Nadeau, producteur de fraises dans la région de Thetford Mines. Un champ de première année était complètement dévasté par le charançon noir de la vigne.

Il ne connaissait pas ce ravageur, car il n’en avait jamais eu auparavant. S’inspirant des moyens de contrôle utilisés à l’époque par les producteurs de fraises de l’île d’Orléans, il a essayé les produits chimiques conventionnels, mais sans résultats. « En plus, avec les produits chimiques, je voyais des vers de terre morts à la surface de mon champ. Je n’aimais pas ça du tout. J’ai dû détruire complètement ce champ et même me demander si je devais poursuivre la production de fraises. » C’est en parlant de ce problème à l’agronome André Carrier (aujourd’hui retraité), du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de Sainte-Marie de Beauce que l’idée est venue.

Il lui a suggéré un moyen de lutte intégrée, qui avait fait ses preuves en Europe dans la production en serre, les nématodes bénéfiques. C’est alors que Mario Nadeau a amorcé un projet expérimental en collaboration avec le MAPAQ. Après trois ans, les résultats étaient au-delà des attentes de l’agriculteur, soit 80 % d’efficacité. « L’approvisionnement en nématodes en provenance de l’Europe était toutefois compliqué au départ, mais maintenant, il y a un fournisseur local, AEF Global à Lévis, ce qui est vraiment super! » Les nématodes agissent sur la larve du charançon. Mario Nadeau en applique donc à l’automne ou au printemps lors de précipitations afin qu’ils pénètrent bien dans le sol. Depuis qu’il a découvert cette façon de faire, Mario Nadeau se dit très emballé et ouvert à utiliser d’autres moyens de lutte intégrée, d’autant plus que c’est bon pour l’environnement et la santé des consommateurs.

La Fruitière Mario Nadeau a fait ses débuts en 1971 avec l’achat des 250 premiers plants de fraises par Edgard Nadeau, père de Mario. Il y en a aujourd’hui 15 hectares, soit 10 en production et 5 en plantation. L’entreprise familiale se spécialise aussi dans l’autocueillette de fraises, de framboises, de bleuets, de cassis et de groseilles.

Anne-Marie Lachance, collaboration spéciale