Alimentation 25 octobre 2020

Le retour du cidre sourit aux pomiculteurs

Un nombre croissant de pomiculteurs, attirés par l’engouement renouvelé des Québécois pour le cidre, décident de bâtir leur propre cidrerie.

Marc-Antoine Lasnier
Marc-Antoine Lasnier

Daniel Turmel et Josiane Simard cherchaient une façon de tirer des revenus à ­longueur d’année de leur verger de 3 500 arbres acheté en 2016 à Saint-Elzéar, dans Chaudière-Appalaches. L’inspiration leur est venue l’année suivante quand ils ont vu un homme amasser des pommes tombées pour sa production personnelle de cidre.

« C’est un Irlandais, Cillian Breatnach, installé au Québec depuis 15 ans. Il est biologiste de métier et fait son cidre dans son sous-sol. Après avoir goûté à ses produits, nous étions certains qu’il y avait un marché pour ça », raconte Daniel Turmel.

Son flair ne l’a pas trompé. Les premières productions de 5 000 et de 8 000 litres, ­vendues directement à la boutique du Verger à Ti-Paul, se sont écoulées rapidement. « Cette année, nous avons commencé à en vendre en cannettes. Tout s’est vendu en moins d’un mois », affirme M. Turmel, étonné de recevoir des commandes d’épiceries fines d’un peu partout en province.

Convaincu de sa recette gagnante, le pomiculteur compte donc investir dans une nouvelle cidrerie capable de produire 40 000 litres par année. Il a planté 500 nouveaux pommiers à cidre. Et Cillian Breatnach deviendra son maître de chai à temps complet.

Chantal Guimont et son conjoint, propriétaires de ValBrome, ont bravé la pandémie pour lancer trois nouveaux cidres, cette année. Photo : Gracieuseté de ValBrome
Chantal Guimont et son conjoint, propriétaires de ValBrome, ont bravé la pandémie pour lancer trois nouveaux cidres, cette année. Photo : Gracieuseté de ValBrome

Position favorable

Chantal Guimont a eu un réflexe semblable après avoir acquis avec son conjoint un verger à Lac Brome, en Estrie, il y a trois ans. Leurs champs demeurent ouverts à l’autocueillette, mais la production de cidre occupe une place de plus en plus prépondérante dans cette entreprise rebaptisée ValBrome.

« On a acheté la terre pour planter des vignes et faire du vin. Mais compte tenu de la qualité de nos pommes, on a vu l’occasion de profiter du positionnement de plus en plus favorable du cidre pour faire notre marque », affirme Mme Guimont.

Le pari du couple s’est traduit en succès : ses trois cidres lancés en pleine pandémie, produits à 3 300 bouteilles, ont vite trouvé preneurs dans 12 boutiques spécialisées.

Tendance lourde

Le phénomène n’est évidemment pas passé sous le radar de l’Association des producteurs de cidre du Québec. « On voit une tendance lourde. De nouveaux producteurs apparaissent un peu partout en province », ­s’enthousiame son président, Marc-Antoine Lasnier.

L’engouement pour le cidre n’est pas un phénomène strictement québécois. Aux États-Unis, la demande a décuplé au cours des dix dernières années. Elle est propulsée par une nouvelle ­génération de consommateurs, épicuriens et avides de produits locaux.

Si les ventes au Québec ont augmenté de 84 % en 8 ans, la consommation annuelle de 0,4 litre par habitant est presque négligeable par rapport aux chiffres mondiaux. Les consommateurs britanniques, au sommet du palmarès, boivent 12,18 litres de cidre par année!

« Il y a encore beaucoup de place pour des nouveaux joueurs. Si on doublait la consommation, il faudrait pédaler fort pour fournir à la demande», croit M. Lasnier.