À coeur ouvert 21 août 2019

Quand la ferme se transforme en camp d’été

Lorsque sonne la fin des classes, certains enfants sont excités à la pensée de leurs vacances au camp d’été. Pour Étienne, l’idée d’aller passer du temps à la ferme était sa motivation pour terminer son année scolaire. Il me raconte ses étés chez son oncle Rémi, producteur de bovins et de grandes cultures. De doux souvenirs qu’il garde en mémoire, même des années plus tard.

« Pour moi, le congé d’été voulait dire que j’allais enfin passer deux mois chez mon oncle et ma tante à la campagne », confie l’homme dans la trentaine. « Adolescent, j’étais inépuisable, j’avais beaucoup trop d’énergie. Mes parents m’ont donc proposé d’aller à la ferme paternelle, histoire de connaître autre chose que la vie de ville. Je pense qu’en fait, c’était pour avoir un répit de mon surplus d’énergie », raconte-t-il en riant.

Étienne se décrit comme un garçon plutôt manuel. L’école n’était pas sa « matière » préférée. « Je n’étais pas fait pour le système scolaire, je bougeais tout le temps, je n’arrivais pas à rester en place. Lorsque j’étais à la campagne, je me sentais bien. J’étais libre de courir, d’apprendre et de travailler en m’amusant. La vie rurale m’a permis de développer mon côté manuel et de me connecter avec la nature. » Un atout pour lui, car il a pu découvrir et cultiver sa passion pour la mécanique. « J’ai appris à travailler fort, à soigner les animaux et à conduire les tracteurs : le rêve pour un jeune de 16 ans », explique-t-il en souriant. Son oncle a su lui enseigner l’importance de la discipline et de la persévérance, et lui a appris à « suer pour de vrai », se rappelle-t-il.

Il se souvient également des journées passées avec ses cousins et ses cousines à développer leur complicité. « Nous sommes encore très proches, probablement grâce à ces étés familiaux. » Pour Étienne, les nombreuses saisons estivales à la ferme ont été le meilleur camp de vacances. Il garde en tête les pique-niques en famille, les baignades à la rivière, le temps des foins pendant lequel les « jus glacés » valaient de l’or… Bien sûr, il devait se lever tôt, ramasser les roches, et il dormait peu. Toutefois, ce qu’il retient surtout, c’est qu’il n’a jamais vu le temps passer, car ses journées étaient toujours spéciales et bien remplies.

Bien que la ferme n’existe plus, le jeune homme veut inculquer les valeurs agricoles à ses propres enfants : « Pour moi, c’est important qu’ils sachent tout le travail qui se cache derrière les aliments que l’on mange. » Il veut leur transmettre ce goût de la nature ainsi que du travail bien fait. Il souhaite partager ses souvenirs de la ferme et donner à ses enfants la chance d’aller en visiter quelques-unes durant l’année : « Ce n’est pas grand-chose, mais c’est important pour moi qu’ils connaissent ce petit bout de ma vie », précise-t-il.

Étienne habite maintenant en ville, mais il ne manque pas une occasion de s’aventurer dans le petit rang où était située la ferme de son oncle. Il trouve dommage que personne ne l’ait reprise, mais il comprend bien les enjeux de cette vente : « C’était tellement de travail. Du sept jours sur sept. Pour moi, c’était deux mois par année, mais pour mon oncle, c’était sans arrêt. » Il conclut ainsi : « Si vous avez des neveux et des nièces, invitez-les à vos fermes. Vous n’avez pas idée des bienfaits que cela aura sur eux. Ç’a été le cas pour moi! »