À coeur ouvert 25 septembre 2019

La confiance envers les autres, ça s’apprend

Jean-Pierre est surchargé et ne sait pas comment s’en sortir. Il est épuisé et ne voit pas la fin des travaux d’agrandissement de son étable. Il fait la traite matin et soir depuis l’été et n’a pas pris de vacances depuis des mois. Il ne s’accorde aucun congé, car il n’arrive pas à déléguer certaines tâches. Comment aider cet agriculteur à surmonter sa méfiance?

« Je suis souvent déçu de l’ouvrage fait par les autres : ce n’est pas fait à ma manière. Il y a des oublis, des erreurs », raconte le producteur laitier dans la cinquantaine. Jean-Pierre aime bien avoir le contrôle sur tout ce qui se passe à la ferme. Il a du mal à ne pas s’y présenter, ne serait-ce qu’une journée.

En raison de la construction effectuée au cours de l’été, il n’a pas réussi à se changer les idées et parle constamment de son chantier. « Je veux être sur place pour leur dire quoi faire et voir l’ouvrage qu’il reste à accomplir », explique-t-il. L’agriculteur a de la difficulté à compter sur son entourage, malgré le fait que son fils aussi actionnaire lui répète fréquemment qu’il peut prendre les choses en main pour lui permettre de prendre un congé. « Je ne peux pas », ressasse Jean-Pierre.

Besoin de contrôle

Apprendre à faire confiance à l’autre et à déléguer des tâches constitue la base du travail d’équipe. Bien souvent, à cause de son besoin excessif de contrôle, Jean-Pierre anticipe les erreurs que pourraient commettre son fils ou son employé en son absence, et ce, avant même qu’ils se mettent à la tâche.

Jean-Pierre doit réaliser qu’il ne peut pas tout faire seul, puis l’accepter. C’est la première étape de son cheminement personnel. Il doit comprendre que les choses peuvent être exécutées par une autre personne et qu’il n’est pas irremplaçable. Si le résultat est le même, il doit s’ouvrir au fait que la méthode puisse être différente.

De plus, sa fatigue des derniers jours affecte également son humeur et ça se ressent partout. « Ma femme me répète chaque jour d’en faire moins, de dormir. Elle ne comprend pas que je ne peux pas arrêter; l’ouvrage doit se faire », précise-t-il. Le producteur épuisé ne réalise pas qu’elle a raison : il a besoin de faire une pause pour reprendre des forces.

Petit à petit

En déléguant la traite une fois de temps en temps, Jean-Pierre pourrait prendre du recul sur sa situation et revenir avec des solutions concrètes pour l’avenir de son entreprise. En apprenant à se reposer davantage sur son fils, il se rendrait compte qu’il peut être agréablement surpris des idées de ce dernier. Communication et confiance sont essentielles à l’homme s’il ne veut pas tomber.

S’il ne change pas d’attitude, Jean-Pierre risque de perdre les gens qui le côtoient, car travailler avec lui est devenu lourd. Pour éviter que ça arrive, il devra rapidement mettre en place des stratégies pour modifier son comportement. S’il veut être en mesure de ralentir et de se reposer pour améliorer sa qualité de vie ainsi que celle de son entourage, il devra réaliser qu’il crée lui-même son état d’épuisement. Faire confiance à l’autre, c’est aussi lui démontrer qu’il est bon dans ce qu’il fait et réaliser qu’on peut prendre congé de la ferme l’esprit en paix. Jean-Pierre a tout intérêt à accepter l’aide qui s’offre à lui plutôt que de s’acharner à vouloir tout faire lui-même.