À coeur ouvert 10 avril 2019

La conciliation ferme-famille en 2019

Oubliez l’image de la ménagère à la maison. Nous sommes à l’ère des fermes 2.0 où l’on voit de plus en plus de femmes tenir les rênes de l’entreprise. Voici donc l’histoire de deux agricultrices qui ont choisi de vivre une conciliation travail-famille atypique.

« J’ai été élevée dans l’exploitation familiale », raconte Mylène, productrice laitière et acéricultrice. « Très jeune, c’était clair pour moi que je voulais prendre la relève », se rappelle-t-elle. Alors qu’elle vivait seule, faute d’argent pour payer un employé, elle a décidé d’engager Annie, une stagiaire. Rapidement, les deux femmes se sont liées d’amitié. Annie a eu un rôle déterminant dans l’avenir de Mylène. Elle considérait que ça n’avait aucun sens que sa boss et amie n’ait pas de conjoint. Elle a pris les choses en main et l’a mise en contact avec un célibataire qu’elle connaissait. La productrice s’est laissée prendre au jeu et « après quelques échanges sur Messenger », un souper était organisé.

« Il travaille en boucherie, il est manuel et a le sens de l’humour. Il habite tout près de chez moi et ne connaît rien à l’agriculture. » Tels ont été les premiers commentaires de la jeune femme à l’égard de celui qui allait bientôt devenir son amoureux. La première fois qu’il a mis les pieds à la ferme, « il m’a montré où se trouvaient la surlonge, le rib et le T-bone sur l’un des animaux », se souvient Mylène en riant. Petit à petit, ils ont tissé des liens et ont bâti des projets ensemble. Quatre ans plus tard, la productrice confie qu’après avoir rénové la maison et eu un enfant, elle a l’impression de le connaître depuis toujours. Son conjoint travaille à l’extérieur de l’exploitation, mais il vient l’aider à l’étable le matin. Le soir, il va chercher leur enfant à la garderie. Pour ce qui est des tâches familiales, elle s’occupe des repas « sauf ceux au barbecue ». Avoir son entreprise et être maman demande beaucoup d’organisation. Mylène s’est surprise elle-même à « faire des choses inimaginables avec un porte-bébé ». « Le lâcher-prise est devenu l’une de mes spécialités », raconte-t-elle. Par exemple, l’agricultrice préfère tourner les coins ronds côté ménage pour passer plus de temps avec son enfant. « Pour l’équilibre de mon chum et le mien, je pense que c’est bien qu’il travaille à l’extérieur », indique-t-elle.

De son côté, Majory est copropriétaire de l’exploitation familiale avec ses parents et son frère. Au début, elle était célibataire. « Quand on a une entreprise, ça limite les fréquentations », mentionne-t-elle. C’est par l’entremise d’amis communs qu’elle a rencontré son partenaire. Ils ont vite réalisé qu’étant donné qu’il était impossible de déménager la ferme, il valait mieux que son conjoint emménage avec elle. De cette union sont nés deux beaux garçons. Elle précise qu’elle a eu la chance « d’avoir des bébés d’hiver », donc un congé de maternité plus long. C’est lui qui a bénéficié du congé parental.

Maintenant, ils sont bien adaptés à leur style de vie bien différent de celui des autres familles. « Chacun sait ce qu’il a à faire et quand le faire au quotidien. » Elle ajoute cependant qu’au début, tout n’a pas été facile pour son conjoint qui a grandi en ville, et que le travail d’équipe du couple est primordial.

L’histoire de Mylène et celle de Majory prouvent que combiner la ferme et la famille est possible. Avec de l’amour et de l’adaptation, on peut faire de grandes choses!