À coeur ouvert 17 janvier 2019

Jusqu’où peut-on aller pour l’amour d’un homme et de sa ferme?

Il arrive qu’une femme ou un homme ne parvienne pas à sortir d’une relation insatisfaisante et même toxique. Catherine, loin d’être heureuse avec Simon, a l’impression d’occuper une place temporairement vacante et d’être comme un « plan B ». Cependant, elle reste. Voici son témoignage.

Catherine et Simon avaient chacun des enfants lorsqu’ils se sont rencontrés. Ce dernier, propriétaire d’une ferme, a un fils adolescent intéressé à prendre la relève. Dès le début, Catherine a eu des indices que sa relation avait quelque chose de malsain. Pourtant, elle n’a pas écouté sa petite voix intérieure qui lui disait de s’en aller : « Ça a été un début de relation très difficile. J’aurais dû arrêter ça tout de suite, car je me sentais comme un à-côté. Mais je ne sais pas pourquoi je suis restée accrochée à lui comme ça et je trouve ça humiliant. J’aurais dû le quitter. Là, je suis très émue et j’ai du mal à écrire tout ça. » 

Elle a fait plusieurs compromis pour que son couple fonctionne, mais elle a souvent perçu qu’elle passait en dernier, derrière toutes les autres personnes autour de Simon. « Jamais je n’ai senti qu’il désirait que je sois là, sauf pour l’aide que je lui apporte à la ferme », explique-t-elle. Le soutien qu’elle lui offre est en fait très important. 

Catherine, fille de producteur et passionnée de vaches, s’est occupée progressivement de la comptabilité, de la gestion du troupeau et de la traite du matin et du soir, sept jours sur sept. Les résultats, écrit-elle, n’ont pas tardé à s’améliorer et n’ont cessé de le faire. On pourrait croire que son implication dans l’entreprise, accompagnée de retombées concluantes, aurait facilité sa relation avec Simon. Or, cela n’a pas été le cas : « Il ne me fait aucune autre demande que d’être là au quotidien parce qu’il n’arriverait pas à faire la gestion que je fais. » Elle travaille à la ferme sans statut défini, sans reconnaissance ou presque, sans promesse de quoi que ce soit. « Cette ferme ne sera jamais à moi, précise-t-elle. Simon n’a jamais vu autre chose que le transfert à son fils le plus tôt possible. De plus, comme je ne vis même pas sur place, je n’en retire aucun bénéfice. »

Catherine voit ce qui cloche. Alors pourquoi persiste-t-elle dans cette relation qui la mine? Certes, elle en retire des bénéfices secondaires. « Même si je ne suis pas payée à la ferme, même si beaucoup de choses pourraient me faire fuir et que je n’ai aucune part ni possibilité que ça soit différent un jour, je crois que je continue parce que j’aime ça, raconte Catherine. Le travail avec le troupeau m’apporte de la fierté lorsque je regarde les résultats au quotidien. » Toutefois, Simon, qui n’aime pas les vaches, ne semble que profiter de cette main-d’œuvre compétente, travaillante et bénévole. Il peut d’autant plus en profiter que Catherine aime les bêtes, qu’elle peine à fixer des limites et qu’elle sous-estime sa valeur.

La productrice, qui a également un emploi à temps plein à l’extérieur, sait qu’elle ne pourra se lever à 3 h 15 encore longtemps. « Je n’ai juste pas encore fait mon deuil, écrit-elle, et peut-être que j’espère encore. »

Lorsqu’on accepte des situations au-delà de son amour-propre, qu’on obtient peu de considération de son partenaire, qu’une relation est davantage empreinte de tristesse que de bonheur, qu’on a toujours l’impression de passer en dernier et de ramasser les miettes, il faut arrêter de se raccrocher à l’espoir que l’autre change un jour.