À coeur ouvert 14 novembre 2018

Les chemins du deuil sont nombreux

Tout le monde le sait, la vie peut parfois être très dure. Elle peut même nous donner de grandes claques. La perte d’un être cher de façon subite en est une illustration. Notre cœur est malmené et notre univers est chaviré du jour au lendemain. Une mort soudaine ne permet aucune préparation à l’absence de la personne aimée ou à de possibles chamboulements dans la ferme.

Les démarches funéraires, les animaux, les champs, la suite de l’entreprise… Tellement de choses à penser et à faire alors qu’on est totalement bouleversé. On peut avoir le sentiment qu’on n’y arrivera jamais. Pourtant, on a très souvent des capacités insoupçonnées pour faire face à l’adversité.

Signature_CoeurOuvertTout d’abord, pour traverser la période de deuil, il n’y a pas de chemin unique. Si on éprouve le besoin de pleurer, c’est correct. Si on ne veut pas pleurer, c’est correct aussi. Vivre un deuil est déjà assez douloureux; on ne rajoute pas de la culpabilité. On peut parfois ressentir le besoin d’être seul ou de vouloir parler, c’est compréhensible. Même se tourner vers le travail, c’est correct, à condition de ne pas complètement s’isoler ou de mettre en jeu sa santé. 

Passer à travers

Le fait que les vaches d’un producteur laitier ayant perdu son fils doivent être traites, quoiqu’il arrive, a été salutaire pour lui. Durant les premiers temps, ça lui a permis de garder la tête hors de l’eau. Une autre personne aurait pu avoir besoin d’un répit avant de replonger dans l’action et c’est également correct. En résumé, on choisit de faire ce qui nous aide à passer à travers.

Si on a besoin d’avoir une épaule réconfortante, de reprendre son souffle ou simplement de se changer les idées, on n’hésite pas à solliciter ses proches. On n’hésite pas non plus à demander de l’aide aux personnes de confiance si l’on se sent submergé par les tâches à la ferme et les décisions à prendre. On peut utiliser des outils qui nous ont été d’un grand secours lors d’autres moments difficiles. Ce qui a déjà fonctionné a de bonnes chances d’être encore efficace. Qui ou qu’est-ce qui a été le plus aidant, le plus apaisant? On peut aussi écrire tout ce qu’on n’a pas pu exprimer à l’être cher, tout ce qu’on aurait voulu lui dire et qui n’a pu être dit. L’écriture peut être un très bon exercice thérapeutique. 

Vautours

Si l’un de nos proches traverse un deuil, que pouvons-nous faire pour l’aider? Nous n’hésitons pas à lui offrir notre soutien, notre aide; à l’inviter à nos activités. Peut-être qu’il refusera, que ce sera trop tôt, mais il est important de lui dire qu’on sera toujours là en cas de besoin. On peut aussi lui rappeler que la perte d’une personne aimée prend un certain temps à guérir. Comme toute blessure profonde, il restera une cicatrice, mais la douleur s’atténuera progressivement.

Finalement, nous ne pouvons passer sous silence certains gestes nuisibles. Des conjointes de producteurs ont rapporté avoir reçu une offre d’achat pour la ferme alors que « le corps de leur mari n’était pas refroidi ». « Y a du monde qui t’appelle pour voir si tes terres sont à vendre; t’as même pas enterré ton mari! » Le frère d’un agriculteur décédé par suicide a quant à lui trouvé très difficile le fait de constater que le rapide coup de main obtenu avait été donné pour mieux profiter de sa vulnérabilité. Oui, en ces circonstances, on peut voir une grande solidarité, tout comme on peut malheureusement voir des vautours rôder.