Vie rurale 5 septembre 2014

Front commun nord-américain

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

En avril dernier, Québec était l’hôte d’une large réflexion sur les enjeux de l’agriculture familiale en Amérique du Nord. En dépit de leur réalité différente, des représentants d’organisations agricoles du Canada, du Mexique et des États-Unis ont formulé une quinzaine de recommandations afin de maintenir et de développer l’agriculture familiale, la souveraineté et la sécurité alimentaires sur le continent nord-américain. Ces propositions viennent d’être rendues publiques.

L’événement Dialogue sur l’agriculture familiale en Amérique du Nord s’est déroulé à Québec les 7 et 8 avril derniers. Organisé par UPA Développement international (UPA DI) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le forum a réuni des représentants de 35 organismes dont certaines d’envergure internationale tels que l’Organisation mondiale des agriculteurs, l’Alliance coopérative internationale, la Via Campesina ainsi que le Forum rural mondial.

La FAO avait également dépêché sur place cinq de ses représentants provenant de trois continents.

Cette rencontre historique se tenait dans le cadre de l’Année internationale de l’agriculture familiale (AIAF). Cette initiative vise à remettre l’agriculture familiale au centre des politiques agricoles, environnementales et sociales en comprenant mieux ses besoins, ses contraintes et son potentiel, indique la FAO.

Tous les participants au Dialogue ont eu l’occasion de prendre la parole lors de deux panels : le premier à propos des réalités de la ferme familiale en Amérique du Nord et le second sur les bonnes pratiques pour appuyer son développement et sa pérennité. Un atelier concernant les défis actuels et futurs de ce type d’agriculture familiale et les caractéristiques de sa résilience de même qu’un autre au sujet des politiques et leur influence étaient au programme. Les participants ont aussi assisté à plusieurs allocutions et à deux conférences.

« Il est très difficile de définir ce qu’est l’agriculture familiale, a résumé Jean-Michel Sourisseau, socioéconomiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) lors de la conférence Richesse et diversité des agricultures familiales dans le monde et en Amérique du Nord. En Amérique du Nord, on retrouve des paysans qui cultivent quelques hectares pour l’autoconsommation jusqu’au Goliath agro-industriel, Cargill, qui est une propriété familiale », a illustré le chercheur français.

Même si la réalité des agriculteurs du Mexique, du Canada et des États-Unis diffèrent, la rencontre a permis de trouver de nombreux points communs et de formuler une quinzaine de recommandations. Celles-ci proposent, entre autres, de garantir l’accès au financement et au foncier agricole, d’assurer un revenu décent par des règles commerciales plus équitables et de favoriser l’adoption de politiques axées sur la reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture familiale au bénéfice de l’ensemble de la société. Le Dialogue recommande également de promouvoir l’établissement de nouvelles générations en agriculture et de rendre disponibles la formation, le savoir et la technologie. De façon générale, le rapport insiste sur l’importance de s’assurer que les agriculteurs, à travers leurs organisations, soient assis sur le siège du conducteur et qu’ils influencent les politiques agricoles. Ces recommandations ont été acheminées à la FAO.

Défis et résilience

La planète recense 1,3 milliard d’agriculteurs, soit 40 % de la population mondiale active. L’Amérique du Nord compte à peine 0,2 % de ces producteurs. Le nombre de fermes a diminué de 10 % entre les 2 derniers recensements tant aux États-Unis qu’au Canada, a révélé lors du forum Tamari Langlais, agente de formation et d’information à UPA DI. Ces entreprises doivent relever de nombreux défis, notamment le transfert de ferme, la financiarisation de l’agriculture, le prix des aliments, la rentabilité, les règles sociosanitaires et environnementales et l’image négative de l’agriculture.

La passion du métier, l’attachement à la terre, l’acceptabilité sociale et les enjeux climatiques permettent aux fermes de mieux composer avec ces défis.

Ce dialogue sur l’agriculture familiale en Amérique du Nord était la dernière de six rencontres tenues aux quatre coins du globe, et qui culmineront à Rome par l’organisation, cet automne, du dialogue mondial.

À l’échelle planétaire, 70 % des aliments consommés proviennent de l’agriculture familiale. Selon les pays, elle représente entre 81 et 97 % des fermes, souligne UPA DI. L’intégral du rapport est disponible au
www.upadi-agri.org/upload/news/441.pdf.