Politique 19 septembre 2014

De grands absents…

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Coup de théâtre lundi à Québec lors des travaux de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) sur la crise du porc.

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse, a tiré à boulets rouges sur La Financière agricole du Québec (FADQ), qu’il a accusée d’étrangler les agriculteurs aux prises avec des difficultés financières qui menacent leur survie.

Christian Lacasse affirme que Québec devrait faire les efforts nécessaires pour sauver les producteurs, et que cela devrait faire partie de la stratégie gouvernementale contenue dans le livre vert du ministre de l’Agriculture, Pierre Corbeil.

Lors de son témoignage devant la CAPERN, le président de l’UPA a dénoncé le « manque de respect envers les représentants du milieu agricole » et le « manque de transparence » dont font preuve les hauts dirigeants de la FADQ. « De l’information a été demandée et jamais reçue » a précisé M. Lacasse, qui a également parlé d’un bris de confiance avec la FADQ. « Le climat de partenariat n’existe plus », a soutenu le dirigeant.

Outre le président de l’UPA, la CAPERN a entendu des acteurs de la crise lundi, à Québec. Mais il y avait plusieurs absents devant la Commission, les membres du conseil d’administration de la FADQ ayant préféré ne pas se présenter en dépit des « invitations » lancées par lettres par la CAPERN et son président, le député Pierre Paradis. Lundi en fin d’après-midi, les membres de la Commission ont unanimement résolu d’assigner à comparaître (par subpoena) tous les membres du conseil d’administration de La Financière. « Un précédent » pour la Commission, selon son président Pierre Paradis.

Selon la porte-parole de La Financière, Mélanie Fiset, huit des douze membres du conseil d’administration de l’organisme ont reçu des lettres de la Commission il y a plus d’une semaine, mais ont convenu de ne pas se rendre à Québec.

La Commission a également dit souhaiter entendre le président du conseil d’administration de La Financière, André Forcier, au cours de ses travaux, mais à une date ultérieure qui reste à confirmer. « Il n’a jamais été question que M. Forcier soit entendu lundi devant la CAPERN, mais il est disposé à répondre aux questions des commissaires dès le retour du pdg, Jacques Brind’Amour », a indiqué Mme Fiset. Elle précise que M. Brind’Amour se trouve à l’extérieur du pays pour un voyage prévu depuis longtemps.

« Selon les dispositions de la loi, la responsabilité [de La Financière] relève du pdg et c’est le pdg et son président du conseil qui pourront répondre aux questions », a mentionné la porte-parole pour expliquer la position de La Financière. La Financière réaffirme par ailleurs avoir « collaboré » tout au long de l’été avec la Commission et qu’elle entend continuer l’exercice.

Selon ce qu’a appris la Terre, les membres du conseil d’administration pourraient se présenter le 12 septembre devant la CAPERN, y compris M. Brind’Amour, ainsi que le sous-ministre à l’Agriculture, Norman Johnston. Le ministre de l’Agriculture, Pierre Corbeil, n’a pas attendu pour sa part d’invitation et a demandé à comparaître devant les membres de la Commission.

Pas un sou au gouvernement

D’autre part, le président de l’UPA Christian Lacasse a dit souhaiter que le gouvernement mette rapidement en place « des solutions efficaces » pour « accompagner adéquatement les producteurs » aux prises avec des difficultés financières qui menacent leur survie, dans plusieurs cas. Ces solutions, selon le président de l’UPA, « ne coûtent pas un sou au gouvernement ». Pour ce faire, toutefois, l’organisme demande à Québec de respecter les engagements qui ont été pris le 17 décembre 2010, soit le respect des méthodes de tarification à l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) et des ajustements au programme d’adaptation ». Christian Lacasse s’attend à ce que les parlementaires de la Commission soient « sûrement enclins à reconnaître » ces solutions.

Christian Lacasse a dit croire que l’exercice de la CAPERN « revêt une grande importance », compte tenu, a-t-il ajouté, du fait que les parlementaires « pourront faire la lumière sur la crise qui frappe les producteurs agricoles depuis plusieurs mois », en plus d’identifier des pistes de solution. La crise frappe durement les producteurs de porcs, de bovins, d’ovins et de céréales à paille.

L’UPA craint que l’affaiblissement de ces secteurs, qui jouent un rôle prépondérant dans l’économie agricole des régions moins centrales, ne provoque « une déstructuration » du tissu agricole.

« Personne ne peut nier la situation problématique qui a mené à la fermeture de centaines d’entreprises agricoles ces deux dernières années ainsi que la précarisation de milliers d’autres entreprises des secteurs touchés », précise encore Christian Lacasse.

Il fait valoir que le Québec a perdu depuis trois ans 20 % de ses fermes porcines (430 fermes), 1200 fermes de veau d’embouche, 23 % de sa production de bouvillon d’abattage et 10 % de ses fermes ovines (près de 100 fermes).

Il constate « pourtant » que La Financière agricole dispose de budgets suffisants pour accompagner les producteurs et empêcher ce dérapage. Il en veut pour preuve l’engagement du gouvernement Charest du 17 décembre 2010 selon lequel La Financière pouvait conserver les surplus et les retourner aux producteurs touchés par la mesure du 25 %.

Rappelons que la CAPERN poursuit son mandat d’examen des orientations, des activités et de la gestion administrative de La Financière agricole. Les travaux de la Commission s’étaient terminés en juin dans un climat de confusion et d’insatisfaction face aux réponses fournies par le pdg de La Financière.